Mardi 19 mars 2024
Le cabinet de curiosités par François Lafon
mardi 25 novembre 2014 à 19h44

Le point sur la parité, ou la part des femmes dans les vingt orchestres les mieux rémunérés des Etats-Unis, selon une enquête relayée par le site de Radio France. Tous pupitres confondus : 37% de dames, à moduler selon les orchestres (53% à Saint-Louis, 30% à Boston). Bastions féminins : la harpe (95%), la flûte (68%), le violon (59%). Encore faut-il nuancer ce dernier pourcentage : dans les rangs des premiers violons, la présence féminine tombe à 18%. Ecart moins grand chez les bassonistes (28% de femmes, 26% de bassons solo) ou les hautboïstes (44% - 40%). Côté cuivres, que des messieurs ou presque : 97% des trompettistes et trombonistes, 95% des tubistes, mais seulement 72% des cornistes. Naturel ? On s’étonnera de voir une demoiselle souffler dans un tuba Wagner, alors qu’on trouvera normal que la même demoiselle ait assez de coffre pour chanter Brünnhilde. Disparité maximale sur le podium du chef : 9% de femmes pour la saison 2013-2014, sachant qu’un seul orchestre (Baltimore) en a une pour directeur musical (Marin Alsop). En France, l’enquête de la SACD « Où sont les femmes ? » est moins détaillée, mais relève qu’en 2013-2014, 17 femmes seulement ont dirigé (sur 574 concerts), alors que la classe de direction du Conservatoire Supérieur de Paris compte deux femmes sur six étudiants : où passent les femmes ? On remarque aussi que les maestras Laurence Equilbey ou Claire Gibault ont carrément créé leur propre orchestre (respectivement l’Insula Orchestra et le Paris Mozart Orchestra). Tant qu’une Manif Pour Tous appliquée à la musique ne décrète pas que la répartition des rôles - et pourquoi pas le talent ? – est naturelle et non sociale …

François Lafon

mercredi 19 novembre 2014 à 19h21

Volume 2, après Dietrich Fischer-Dieskau (voir ici), de la Bruno Monsaingeon Edition : Yehudi Menuhin. Treize films, huit DVD (ou quatre Blu-ray) de concerts et d’entretiens, de connu et d’inconnu, de classiques et d’inclassables (Les Quatre Saisons de Vivaldi avec un orchestre d’enfants). Vingt-sept ans de collaboration entre le Menuhin le maître et Monsaingeon l’élève, lui-même violoniste avant d’être cinéaste et filmant son sujet avec une proximité que n’ont pas ses pourtant célèbres portraits de pianistes (Glenn Gould, Sviatoslav Richter) ou de chanteurs (Fischer-Dieskau, Julia Varady). Moments forts : trois heures et six minutes de « Conversations avec Menuhin » dans sa villa de Mykonos (partiellement utilisées dans Le Violon du siècle – 1994 – donné en ouverture du coffret), le 3ème mouvement du Concerto d’Elgar, « archive d’origine inconnue » présentée dans son (problématique mais émouvant) état d’origine, mais aussi et peut-être avant tout Retour aux sources, trilogie fleuve illustrant le come-back de Sir Yehudi dans sa Russie d’origine, où il a été longtemps persona non grata. Prouesse de l’ensemble : éclairer le phénomène Menuhin sous toutes ses faces (et Dieu sait…) sans insister sur le cliché « peace and love » dont l’artiste - volontairement ou non - s’est laissé affubler. Difficulté récurrente : faire abstraction des aigreurs sonores et problèmes d’intonation de Menuhin au violon dans les années 1970-1980, largement représentées ici. « Techniquement et musicalement, Menuhin a pris des risques qu’aucun de ses confrères, même les plus grands, n’a osé prendre » déclarait Monsaingeon en 1999 lors de la disparition du grand homme. Pour le centenaire de sa naissance, en 2016, un second volume de documents tout aussi rares sera accompagné de l’album Passion Menuhin – Album d’une vie réédité pour l’occasion.
 

François Lafon
 

Bruno Monsaingeon Edition vol. 2 : Yehudi Menuhin. Un coffret de 8 DVD ou 4 Blu-ray EuroArts – Idéale Audience. projection de Retour aux sources, épisodes 1 et 2, 25 novembre à 20h au cinéma Balzac, Paris, en présence du réalisateur

samedi 15 novembre 2014 à 17h41

La voix de Philippe Jaroussky est « unique », magique. Mais de quoi se nourrit-elle, de quel imaginaire, de quelles références, de quels rêves ? Philippe Jaroussky raconte à François Lafon les dix qui lui tiennent à cœur.


10 - Gérard Lesne - Pascal Charbonneau

« Question récurrente : quelle différence entre un haute-contre et un contre-ténor ? Le haute contre utilise sa voix de ténor comme voix principale et va chercher les aigus en voix de tête, alors que le contre-ténor utilise sa voix de tête comme voix principale, et utilise sa voix de ténor dans les graves. Pour tout comprendre, écoutez Gérard Lesne (contre-ténor) et Pascal Charbonneau (ténor aigu, ou haute-contre) dans David et Jonathas de Charpentier, tous deux dirigés par William Christie. »

Après Gérard Lesne, Pascal Charbonneau dans David et Jonathan de Marc-Antoine Charpentier.

Dans les deux cas, William Christie dirige Les Arts Florissants

Pièta, le nouvel album de Jaroussky, voir ici

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jeudi 13 novembre 2014 à 16h33

La voix de Philippe Jaroussky est « unique », magique. Mais de quoi se nourrit-elle, de quel imaginaire, de quelles références, de quels rêves ? Philippe Jaroussky raconte à François Lafon les dix qui lui tiennent à cœur.

9- Russell Oberlin

« Une voix incompréhensible, un ténor suraigu qui ne sonne pas comme un ténor. Il raconte qu’il s’est trouvé par hasard cette voix de poitrine jusqu’au contre-ut pour remédier à des problèmes d’aigus. Un positionnement à lui, non homologué. On peut imaginer en l’écoutant la voix des castrats altos (plus rare que les sopranos) comme Senesino, le créateur du Jules César de Handel. Il était aussi à l’aise dans Bach – avec Glenn Gould au piano – que dans Schubert et Schumann. C’est une voix plus ambiguë que celle d’un contre-ténor. On y entend l’enfant, avec un vibrato d’adulte. »

Russell Oberlin dans Vivi, Tiranno, extrait de Rodelinda de Haendel, Baroque Chamber Orchestra dir. Thomas Dunn

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mardi 11 novembre 2014 à 17h48

La voix de Philippe Jaroussky est « unique », magique. Mais de quoi se nourrit-elle, de quel imaginaire, de quelles références, de quels rêves ? Philippe Jaroussky raconte à François Lafon les dix qui lui tiennent à cœur.


8 - Joyce DiDonato

« La voix que je voudrais avoir ! Cela déborde, c’est juteux, tout en étant précis et investi. Un chant très physique. Si j’avais une telle palette, j’en ferais de belles peintures ! C’est une tragédienne. Quand on l’écoute, on est pris aux tripes, on s’évade très loin du quotidien. J’adorerais, comme elle le fait avec un naturel extraordinaire, chanter Roméo dans Les Capulet et les Montaigu de Bellini. J’en ai peut-être le timbre, mais pas la tessiture. Alors imaginez comme je l’envie ! »

Les Capulet et les Montaigu de Bellini dans un récital Joyce DiDonato en 2013

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dimanche 9 novembre 2014 à 18h19

La voix de Philippe Jaroussky est « unique », magique. Mais de quoi se nourrit-elle, de quel imaginaire, de quelles références, de quels rêves ? Philippe Jaroussky raconte à François Lafon les dix qui lui tiennent à cœur.


7 - Mercedes Sosa

« Un monument en Amérique du sud, qui a gagné le monde entier. Un art mystérieux, comme celui d’Ella Fitzgerald : elle ne fait rien de détectable, et tout est là. Une voix qui incarne une culture : impossible à analyser, ça aussi. Par elle, l’Alfonsina y el mar est comme un hymne. Beaucoup ont repris cette chanson magnifique, sans jamais reproduire ce miracle. J’ai vu un Chilien de dix-neuf ans – une autre génération – pleurer quand il a appris sa mort. »

 

Mercedes Sosa : Alfonsina y el mar

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vendredi 7 novembre 2014 à 17h40

La voix de Philippe Jaroussky est « unique », magique. Mais de quoi se nourrit-elle, de quel imaginaire, de quelles références, de quels rêves ? Philippe Jaroussky raconte à François Lafon les dix qui lui tiennent à cœur.


6 - Cecilia Bartoli

« Quand on l’a découverte dans Mozart et Rossini, il était évident que « la » Bartoli allait faire du baroque. Elle y a trouvé son éloquence et sa grammaire. En se lançant dans ses récitals thématiques, en allant chercher des œuvres et des compositeurs oubliés, elle a ouvert une voie que nous suivons tous. En scène, elle est un exemple : pas de différence entre la femme et la chanteuse, même énergie vibratoire, même enthousiasme. Ecoutez-la dans un de ses premiers enregistrements : les Arie antiche, ces airs italiens qui sont le B à BA, la Bible de tout étudiant chanteur, notre Lettre à Elise à nous. »

Cecilia Bartoli chante Caro mio ben de Giuseppe Giordani accompagnée par Jean-Yves Thibaudet

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mercredi 5 novembre 2014 à 14h19

La voix de Philippe Jaroussky est « unique », magique. Mais de quoi se nourrit-elle, de quel imaginaire, de quelles références, de quels rêves ? Philippe Jaroussky raconte à François Lafon les dix qui lui tiennent à cœur.


5 - Maria Callas

« Pour comprendre la Callas de la maturité, il faut écouter la jeune Callas, la voix inépuisable qui chantait Aïda à Mexico en 1951. On se dit en l’écoutant que tout était possible pour elle, que tout est possible dans le chant. On n’est que plus ému de la retrouver dans ses enregistrements tardifs, où le grain de la voix est à nu, transcendé par son génie d’interprète. Fascinante et dérangeante, Callas appartient à tout le monde, parce qu’à la différence de nombre de gloires du passé, elle n’a rien perdu de son pouvoir de provocation. »

Maria Callas dans Aïda de Giuseppe Verdi direction Oliviero de Fabritiis (Mexico 1951)

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lundi 3 novembre 2014 à 17h11

La voix de Philippe Jaroussky est « unique », magique. Mais de quoi se nourrit-elle, de quel imaginaire, de quelles références, de quels rêves ? Philippe Jaroussky raconte à François Lafon les dix qui lui tiennent à cœur.


4 - Jean Rochefort

« Une rencontre ! Un esprit français, une manière de jouer avec les mots, d’être provocateur, irrévérencieux, mais avec une classe incroyable. Beaucoup de chanteurs sont fascinés par les voix d’acteurs, par la façon qu’ont les grands acteurs d’écrire eux-mêmes la musique des textes qu’ils jouent, de s’en approprier les silences et les temps forts. La voix de Jean Rochefort est en adéquation parfaite avec ce qu’il est. En l’écoutant, on se rend compte de l’importance qu’il y a à prendre le temps de dire les choses. Il y a une notion de tempo dans l’éloquence. »

Tandem de Patrice Leconte avec Jean Rochefort et Gérard Jugnot

Pietà, le nouvel album de Philippe Jaroussky voir ici

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samedi 1 novembre 2014 à 20h13

Spécialiste du biopic intelligent (The Queen, Mrs Henderson presents…, bientôt le coureur Lance Armstrong), le cinéaste Stephen Frears prépare un Florence Foster Jenkins avec Meryl Streep (rôle-titre) et Hugh Grant (St Clair Bayfield, compagnon et manager de la diva). Curieuse gloire tardive pour « la plus mauvaise cantatrice de l’Histoire », passée à la postérité grâce à "The Glory (????) of Human Voice" (RCA), un enregistrement culte comprenant huit arias à risques (la Reine de la nuit, Lakmé, La Chauve-souris, etc), augmenté lors de sa réédition chez Naxos d’une immortelle Valse caressante due à son pianiste-accompagnateur Cosmé McMoon. Depuis 2001, au moins quatre spectacles en Angleterre, à Broadway et au Québec, ainsi qu’une pièce française (Colorature – Festival d’Avignon, Théâtre du Ranelagh à Paris) ont chanté (si l’on peut dire) la geste de l’artiste dont on ne sut jamais si elle se moquait du monde ou si elle croyait vraiment à son génie, sans oublier en 2008, l’hommage musical à elle rendu par la chanteuse Juliette ("Casseroles et faussets", in Bijoux et babioles - Polydor). Last but not least, le film de Frears, intitulé Florence, rivalisera avec Marguerite de Xavier Giannoli (en cours de tournage), où Catherine Frot incarne un mix de Foster Jenkins et de la Castafiore. Notre époque manque-t-elle à ce point de folles divas à l’ancienne ?

François Lafon

samedi 1 novembre 2014 à 15h14

La voix de Philippe Jaroussky est « unique », magique. Mais de quoi se nourrit-elle, de quel imaginaire, de quelles références, de quels rêves ? Philippe Jaroussky raconte à François Lafon les dix qui lui tiennent à cœur.


3 - Lorraine Hunt

« C’était une voix qui n’avait pas envie de faire que du beau. Beau cependant d’entendre Bach chanter avec autant de « chair », sans la timidité que l’on a souvent vis-à-vis de cette musique, où l’on cherche à être un instrument parmi les autres. Elle avait un côté androgyne dans le timbre, très troublant. Sa Médée de Charpentier avec William Christie, ses Mozart et ses Handel mis en scène par Peter Sellars ont fait d’elle une « Callas du baroque ». Une chanteuse magnifique, trop tôt disparue. »

Lorraine Hunt en 1996 à Glyndebourne dans Theodora de Haendel dirigé par William Christie, mis en scène par Peter Sellars.

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