Mardi 19 mars 2024
Le cabinet de curiosités par François Lafon
vendredi 27 novembre 2020 à 14h55
Dans le cadre du Festival Manca, l’Opéra de Nice devait ouvrir sa saison avec Akhnaten, troisième ouvrage lyrique de Philip Glass – qui, avec Einstein on the beach et Satyagraha, clôt au début des années 1980 une première trilogie d’« opéras-portraits ». Créé à Stuttgart, en 1984, l’ouvrage connut sa première française presque vingt ans plus tard, à l’Opéra du Rhin (Strasbourg), en 2002. Cette nouvelle production, confiée à Lucinda Childs, fidèle du compositeur, chorégraphe et metteur en scène (Dance, Einstein, etc.) et au jeune chef Léo Warynski, fut maintenue à l’affiche alors que les représentations étaient annulées. La décision de poursuivre les répétitions permit la captation du spectacle, désormais mis en ligne sur la toile.
Sans décor, ou presque, le spectacle se joue sur un unique et gigantesque disque incliné où évoluent chanteurs et danseurs. On apprécie la metteur en scène qui apparaît en buste au-dessus de la scène, tel un fantôme ou un hologramme, et « raconte » (en anglais, sous-titré) le destin du pharaon Akhenaton dont les Égyptiens ont voulu effacer toute trace. Sa chorégraphie superpose habilement les danseurs sur scène avec leurs images projetées agrandies – à la manière du film réalisé par Sol LeWitt qui accompagnait la chorégraphie initiale de Dance. Chanté à partir d’un livret écrit en égyptien ancien, le style de l’ouvrage s’inspire de l’oratorio haendélien et, à cet égard, les nombreuses parties chorales sont restituées avec soin par le chœur de l’Opéra, bien préparé par le chef d’orchestre qui, aguerri au répertoire contemporain, a su donner l’impulsion à l’ensemble.   
Dans le rôle-titre, le contre-ténor Fabrice Di Falco (Les Quatre jumelles de Régis Campo, La Métamorphose de Michael Levinas…) succède avec brio à Paul Eswood, le créateur, dans un style moins éthéré et une émission plus claire. À ses côtés, l’étonnante Patricia Ciofi (la reine Tye), qui se plie sans peine aux notes étirées et répétées du compositeur, tout comme le reste de la distribution, Julie Robard-Gendre (Nefertiti), Joan Martin-Royo (Horemhab), Frédéric Diquero (Amon) et Vincent Le Texier (Aye). À voir et revoir sur la toile.     
                                                              Franck Mallet

• https://youtu.be/jSAOrULT-F4


Photo : Akhnaten @ Dominique Jaussein
vendredi 20 novembre 2020 à 12h46
Point presse Zoom du trio de tête de l’Opéra de Paris - Alexander Neef (Directeur), Martin Ajdari (Directeur adjoint) et Aurélie Dupont (Directrice de la danse) - exercice périlleux dans l’incertitude actuelle, entre autres destiné à corriger voire prévenir les inévitables rumeurs sur « une maison à genoux », ainsi que l’a qualifiée son précédent directeur Stéphane Lissner. Comme partout ailleurs, chaque projet, chaque date sont avancés en croisant les doigts, avec un optimisme qui empêche l’exercice de tourner au comptage des pots cassés. On apprend que la « Tétralogie coûte que coûte » sera enregistrée dans le désordre à Bastille et Radio France et diffusée (dans l’ordre) en différé sur France Musique, mais privée des locomotives Jonas Kaufmann et Eva-Maria Westbroek, lesquels auraient à eux seuls rempli la salle… si salle il y avait eu. On voit surtout, comme partout ailleurs, que la situation sanitaire accélère largement le bond vers le numérique, ainsi qu’en témoignent les espoirs fondés sur la future plateforme "Opéra chez soi" nourrie (entre autres) des exemples conjugés du récent Aria (pour mobiles et tablettes) et de la 3ème Scène, et se cherchant une forme artistique et un modèle économique, le « tout gratuit » prisé par l’internaute n’en étant évidemment pas un. Petite phrase de Martin Ajdari détaillant les pertes (grève + épidémie : 50 millions d’euros) subies en 2020 par la maison : « Sans la dotation de 81 millions d’euros annoncée par la ministre de la Culture, l’Opéra serait en cessation de paiement en 2021 ». Glaçante précision, s’agissant d’une maison représentant la moitié du budget global des opéras français. 
François Lafon

 

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