Mercredi 4 décembre 2024
Le cabinet de curiosités par François Lafon
Ouverture à Paris, 8ème arrondissement, de la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret, anciennement Médiathèque Musicale Mahler. A l’origine donc, un hôtel particulier regroupant depuis 1986 les collections et les appartements d’Henry-Louis de La Grange, le biographe de Mahler, et de Maurice Fleuret, critique féru de création, directeur de festivals et instigateur de la Fête de la musique. Un chaleureux coffre aux trésors, où public et professionnels trouvaient leur bonheur à portée de main de manuscrits sans prix et de documents sans équivalent, paradis des pianistes (grâce au fonds Alfred Cortot) et bien sûr des fans du compositeur du Chant de la terre. Un lieu plein de charme mais bien fatigué lors de la disparition d’Henry-Louis de La Grange en 2017. C’est alors que, sous l’égide de Francis Maréchal, toujours inventif directeur de la Fondation Royaumont (Val-d’Oise), la connexion se fait avec l’historique bibliothèque de l’abbaye (on y trouve le manuscrit de Pelléas et Mélisande de Debussy), la Bibliothèque François Lang, installée in loco, et ... la Médiathèque Mahler, trois cavernes d’Ali Baba dont les collections se complètent opportunément, couvrant l’ensemble de la création musicale de l’ère baroque à nos jours. Une antenne parisienne : pour Royaumont, site privilégié mais isolé, l’occasion est trop belle! De grands travaux sont entrepris en 2019, financés par la Fondation de France, le Fonds La Grange-Fleuret, le ministère de la Culture et la Région Ile-de-France, retardés par la crise sanitaire, et aujourd’hui terminés. Résultat spectaculaire : en entrant dans le XXIème siècle, l’hôtel de la rue de Vézelay a gagné en modernité bien pensée sans perdre son charme. Sous les lambris mis en valeur par l’architecte Loïc Julienne et sous le regard toujours présent de Mahler (beau tableau autrefois dans le salon particulier du baron de La Grange), on parle de « décloisonner la recherche », de « documenter les acteurs de la vie musicale » et d’« accompagner les nouvelles génération ». Tout cela à taille humaine, autour d’un double salon de musique (autrefois la discothèque aux rayonnages bondés), lieu de travail et de concert où trône un Steinway de concert de 1907, « instrument de légende » selon Bertrand Chamayou, légué par la Famille Singer-Polignac (et sur lequel Stravinsky aurait composé Renard), joué par le gotha reçu « à la maison » par les fondateurs et qui fait l’objet d’une campagne de financement visant à recueillir les 55 500 euros nécessaires à sa restauration dans les Ateliers Piano Belleron-Sylvie Fouanon. Accueil personnalisé et ultra-compétent. 
François Lafon
Bibliothèque Musicale La Grange – Fleuret, 11 bis rue de Vézelay, 75008 Paris. Tél. 01 53 89 09 10 – www.blgf.fr - « Restaurons un piano historique », campagne de financement participatif jusqu’au 19 novembre, hébergé sur la plateforme Dartagnans.fr à l’adresse ; dartagnans.fr/fr/projects/restaurons-un-piano-historique (Photo : Henri-Louis de La Grande © DR)

lundi 4 octobre 2021 à 23h25
A la salle Gaveau dans la série L’Instant Lyrique : Michael Spyres, baritenor. Après le disque concept (voir ici), le concert. Pas pour vérifier si cet ancien baryton devenu ténor assoluto (de Mozart à Wagner) sans renoncer à ses amours passés est aussi étonnant en live qu’en studio, ni pour prendre une leçon d’histoire de la vocalité, ce qu’il ne fera pas plus « en vrai ». Costume trois pièces à (discrets) carreaux, contrastant avec le gris classique du pianiste Mathieu Pordoy : un duo en équilibre, où voix et clavier respirent de conserve. Première partie : Les Nuits d’été de Berlioz. Version ténor donc, si l’on se fie à la "Villanelle" initiale. Ah non : c’est à deux (viril "Spectre de la rose") voire à trois voix ("Sur les lagunes" façon basse) que les six mélodies se déclinent. A plus encore même, tant est large la gamme des sentiments : bonne façon de départager les tenants de la voix unique et ceux de la troisième voix dans ce prototype et déjà archétype de la mélodie française. La suite sera phénoménale : repris du disque, l’air du Comte (Les Noces de Figaro acte 3) avec ses « extensions » pour ténor, idem pour la "Sérénade" de Don Giovanni (ténor, baryton ? les premiers l’ont aussi chantée) suivant un "Largo al factotum" (Rossini), où le Barbier de Séville fait entendre les voix de ses client(e)s. Retour à la clé de sol pour finir, avec un Postillon de Lonjumeau (Adam) stratosphérique et en bis l’air à contre-ut en rafale de La Fille du régiment (Donizetti). Pas une faute de français (ni d’italien, ni d’allemand dans La Veuve joyeuse en bis-bis), pas une seconde de laisser aller, là où le moindre dérapage ferait tourner le concert au numéro de cirque. Et tout cela le lendemain de la dernière de Fidelio à l’Opéra Comique (voir ) ! Joués sans effet superflu, les deux intermèdes pianistiques (Sonnet 123 de Pétrarque de Liszt et A la manière de Chabrier façon Ravel) attestent du sérieux (humour compris) de l’ensemble. 
François Lafon
Salle Gaveau, Paris, 4 octobre (Photo © DR)

 

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