Mardi 19 mars 2024
Le cabinet de curiosités par François Lafon
mardi 24 mai 2022 à 16h01
« Compagnonnages de longue durée ». Au sein d’une programmation qui donne le tournis, où le visiteur du dimanche est entraîné « à la recherche de plantes sauvages tinctoriales », où le mélomane en roue libre se retrouve dans une « rencontre musicale et dansée autour de Bach », où l’on vient frémir en musique en période d’Halloween tout en découvrant les tentations contemporaines de l’orgue Cavaillé-Coll, où la nouvellement  rénovée (voir ici) Bibliothèque La Grange Fleuret et l’Académie Orsay-Royaumont font de Paris une… antenne du Val d’Oise, la Fondation Royaumont cultive les longues idylles et les retours au bercail des débutants devenus grands. Francis Maréchal, lui-même directeur au long cours, en cite quelques-uns en dévoilant la programmation du festival annuel reprenant son rythme après deux saisons en mineur (pandémie obligeait) et concentrant (si faire se peut) les énergies déployées à longueur d’année : le pianiste Alain Planès, les Percussions de Strasbourg, Louis-Noël Bestion de Chamboulas et ses Surprises, Bertrand Cuiller et son Caravansérail, la soprano Elsa Dreisig brûlant des étapes dont la première fut Royaumont, Marcel Pérès enfin et surtout, revenant à la Messe de Notre Dame de Guillaume de Machaut revue (mais non corrigée) dans l’esprit « musique traditionnelle » qui a tant frappé… et choqué il y a un quart de siècle. La façon la plus naturelle de conférer un surcroit de légitimité aux douze programmes et aux vingt-quatre oeuvres nouvelles (musique et danse) jalonnant ce mois de rentrée à haut voltage. 
François Lafon 

Fondation Royaumont, 95270, Asnières-sur-Oise (Val d'Oise) - Festival de Royaumont, du 2 septembre au 3 octobre (Photo : Marcel Pérès © DR)

vendredi 13 mai 2022 à 22h34
Carmen (Bizet) ? Une femme libre.
Rosine ? (Rossini, Le Barbier de Séville) ? Une jeune qui se libère.
Angelina (Rossini, La Cenerentola) ? La bonté libérée.
Chérubin (Mozart, Les Noces de Figaro) ? Un ado qui prend des libertés
Sesto (Mozart, La Clémence de Titus) ? Un apprenti libérateur.
Ruggiero (Handel, Alcina) ? Un ensorcelé libéré.
La Périchole (Offenbach) ? Une artiste libre. 
Dorabella (Mozart, Cosi fan tutte) ? Une libérée en devenir.
Zerlina (Mozart, Don Giovanni) ? L’innocente libérée.
Charlotte (Massenet, Werther) ? Une femme qui ne parvient pas à se libérer : au festival d’Aix-en-Provence 1979, elle n’ira pas plus loin que la générale.

Teresa Berganza nous a quittés ce vendredi 13 mai, elle avait quatre-vingt-neuf ans. Quand Gabriel Dussurget, fondateur et directeur du festival d’Aix-en-Provence, impose la jeune mezzo-soprano de vingt-quatre ans dans Cosi fan tutte en 1957, les spécialistes l’ont prévenu : petite voix, elle n’ira pas loin. Trente-deux ans plus tard, elle est Carmen au Palais Omnisports de Bercy, dans une mise en scène de Pier-Luigi Pizzi. Au milieu de l’air des cartes, courte panne de sono. La voix de Berganza résonne « au naturel » dans l’immense espace. En toute liberté…
François Lafon
(Photo © DR)

mercredi 11 mai 2022 à 11h55
Sur Arte et Arte Live : Le Louvre en musiques (le pluriel est de mise), nouveau chapitre de la série inaugurée en 2017 avec l’Alhambra de Grenade (voir ici). Ordonnateur privilégié de ces huit siècles d’histoire contées par Gérard Pangon (…de Musikzen) et Christophe Maillet : Sébastien Daucé et son Ensemble Correspondances dans le cadre adéquat de la salle des Cariatides. Pendant que les pierres racontent l’histoire de France, de la forteresse du Moyen-Age à la pyramide de Ieoh Ming Pei, de la construction du « palais-extension » des Tuileries à son incendie sous la Commune, de la naissance de la Galerie du bord de l’eau sous Henri IV à la création du musée par Vivant Denon, tout mène - d’épisodes sanglants (la Saint-Barthélemy) à d'éphémères réconciliations - le lieu du pouvoir à devenir un lieu de culture. Grand moment de cette célébration en musique : l’évocation du Ballet Royal de la Nuit (Boësset, Cambefort, Lambert et probablement Lully) par la magique contralto Lucile Richardot, gros plan emblématique de ce palais démesuré et toujours renaissant. Et l’on apprend au passage que le mot salon vient des expositions dans le Salon Carré… du Louvre, tout en cessant d’oublier qu’une des Images oubliées de Debussy est intitulée Souvenir du Louvre. 
François Lafon

Le Louvre en musiques, sur Arte dimanche 15 mai à 18h10 – En replay sur Arte concert (Photo © DR)

Ça commence avec Bach dans la Chapelle royale de Versailles et ça finit avec Ligeti à la Philharmonie de Paris. Entre les deux, on va d’Allemagne en Italie, du Danemark à l’Espagne, d’un orgue rare à de grandes orgues massives, à la rencontre de chanteurs (Sabine Devieilhe, Julian Prégardien), de facteurs et d’organistes, guidés par Bernard Foccroulle à l’origine de ce documentaire. Intelligemment, le célèbre organiste évite la somme sur l’histoire de l’orgue pour privilégier l’émotion et la découverte : répertoires peu connus, instruments originaux, musiciens dont la passion affleure et se lit sur leur visage. Au château de Frederiksborg au Danemark, l’organiste s’extasie (et nous aussi) devant l’orgue de 1610 aux tuyaux tout en bois, capable d’émettre un extraordinaire son de flûte ; à Saint-Sernin à Toulouse, le monstrueux Cavaillé-Col fait le bonheur de celle qui en joue ; à Peglio, petit village de Lombardie, l’orgue à été construit pour fidéliser les catholiques au moment de la Contre-Réforme, alors qu’ils pouvaient être tentés par les protestants voisins. La réalisation de Pascale Bouhénic ménage de belles transitions fluides et paisibles qui s’accordent à cette évocation d’un instrument qui respire. Le vent, le souffle et le son, la musique de Messiaen en est l’exemple même, et, dans un autre registre, celle de Moondog pour orgue et percussion. Au Moyen Age déjà les musiciens étaient fascinés ; au 14ème siècle, l’organetto, petit orgue portatif à soufflet, distillait la musique de Ciconia. Jouée aujourd’hui dans un environnement bucolique, elle clôt sur une note méditative ce film qui aiguise la curiosité.
Gérard Pangon
 
Chercheurs d’orgues. Film de Pascale Bouhénic et Bernard Foccroulle. Coproduction Schuch Productions / Arte France. Diffusé le 8 mai à 17 h 10 sur Arte. Visible sur arte.tv jusqu’au 1 juillet.
 
 

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