Mardi 19 mars 2024
Le cabinet de curiosités par François Lafon
vendredi 31 octobre 2014 à 14h31

La voix de Philippe Jaroussky est « unique », magique. Mais de quoi se nourrit-elle, de quel imaginaire, de quelles références, de quels rêves ? Philippe Jaroussky raconte à François Lafon les dix qui lui tiennent à cœur.


2 - Ella Fitzgerald

« Une voix que j’ai besoin d’écouter souvent. Tous les chanteurs - classiques compris -, ont à apprendre de sa précision, de son sens du rythme, de sa diction. En l’écoutant, on se dit : « C’est ça et pas autre chose », sans qu’on puisse vraiment définir ni analyser ce qu’elle fait. On se demande comment elle arrivait à une telle éloquence sans aucun effet extérieur. Elle était vocale et instrumentale, du grave à l’aigu, femme, homme et enfant en même temps. Ecoutez-la dans How high the Moon, un de ses grands tubes : pas une note qui soit un quart de ton en-dessous. »

Philippe Jaroussky sur Facebook : https://www.facebook.com/Philippe.Jaroussky

mercredi 29 octobre 2014 à 22h08

La voix de Philippe Jaroussky est « unique », magique. Mais de quoi se nourrit-elle, de quel imaginaire, de quelles références, de quels rêves ? Philippe Jaroussky raconte à François Lafon les dix qui lui tiennent à cœur.


1 - Henri Ledroit

« La voix fondatrice de ce qu’on peut appeler l’école française des contre-ténors. Je me sens proche de lui par-delà les années, et pas seulement parce que je travaille toujours avec Nicole Fallien, son professeur. Il possédait une véritable voix d’alto, avec un timbre d’une profondeur, d’un magnétisme incroyables, une voix qui n’était pas parfaite, avec un vibrato particulier, comme un petit sanglot, un timbre plus caressant qu’agressif, force et douceur mêlées. Je n’ai pas pu l’entendre en vrai. Cela restera un de mes grands regrets. »

Henri Ledroit dans le Stabat Mater de Vivaldi accompagné par La Grande Ecurie et La Chambre du Roy

Philippe Jaroussky sur Facebook : https://www.facebook.com/Philippe.Jaroussky

samedi 18 octobre 2014 à 20h35

Les biographies de Bach abondent, et chacune s’efforce à éclaircir le « mystère » Bach sans y parvenir : comment a-t-il vécu, pourquoi sa carrière ne fut-elle pas aussi brillante que celle de Haendel…? Cette Musique au château du ciel, un portrait de Jean-Sébastien Bach par John Eliot Gardiner est un livre polyphonique à 14 voix : sa terre, ses gènes, ses pairs, la religion, ses relations avec les politiques… Autant de voies qui permettent d’approcher l’homme, ses grandeurs et ses faiblesses, ses obstinations et ses adversités, en scrutant le créateur et son génie. Gardiner est un pédagogue cultivé, de cette trempe qui n’enseigne pas mais qui donne l’envie d’apprendre. Par ces 14 chapitres, il se rappelle Nadia Boulanger : dans ses chorals, Bach accorde la même importance à chaque ligne tout en lui faisant jouer un rôle différent. Il faudrait pouvoir lire chacun de ces chapitres de façon linéaire, mais aussi en superpositions, de façon contrapunctique. Gardiner, l’interprète, y explique comment l’executio est la voie irremplaçable pour comprendre les faces cachées d’une partition de Bach, comme les rapports intimes entre une sonorité instrumentale et celle des mots dans une cantate (pp. 310-312). Ou comment, par exemple, deux flûtes à bec et deux violes font d’une cantate un chef d’œuvre : Bach avait 20 ans quand il composa l’Actus tragicus, et les pages 200 à 209 du Portrait qui lui sont consacrées se lisent et se relisent. Écrit foisonnant, outil de travail, œuvre d’érudition autant que de plaisir, enquête historico-policière tout à la fois. Mais c’est aussi une somme à l’image de l’œuvre de Bach : complexe, intimidante à l’abord, prenante dès qu’on s’en croit familier.

Albéric Lagier

Musique au château du ciel, un portrait de Jean-Sébastien Bach, traduction (excellente) de Laurent Cantagrel et Dennis Collins, éd. Flammarion, 752 pages. 35€

mercredi 15 octobre 2014 à 09h20

« Première, oui, seconde, jamais ! » C’est ainsi qu’Anita Cerquetti refuse en 1956 de signer comme remplaçante de Maria Callas. En 1953, à vingt-deux ans, elle a chanté en alternance avec elle le rôle d’Aïda à Vérone, mais trois ans plus tard la Cerquetti a compris qu’elle a droit à la pleine lumière : Luchino Visconti l’a choisie pour interpréter la grande scène du troisième acte du Trouvère, dans Senso, elle a triomphé dans l’Abigaille de Nabucco dirigé par Tullio Serafin, dans Norma avec Franco Corelli, dans Amélia du Bal masqué… Ironie du sort : c’est en remplaçant la Callas au pied levé dans Norma à Rome qu’elle atteint, en janvier 1958, une renommée internationale, au niveau de Maria Callas et de Renata Tebaldi. Mais au-delà de la gloire, apparaît la lassitude. « Pendant ces dix années, je n’ai fait que des débuts. Un soir, je chantais un opéra. Le lendemain, je répétais celui de la semaine suivante. » Anita Cerquetti donne sa dernière représentation publique en octobre 1960. La mort de son père, puis celle de son mentor, Mario Rossini, en 1959, l’ont amenée à se mettre en retrait. Dans ce monde de l’opéra, elle ne supportait plus l’indifférence, encore moins les rivalités : il lui manquait l’humain, cet humain qu’elle donnait à tous ses rôles. « Je n’avais rien, que la musique. A un certain point, se ressent le besoin de quelque chose d’autre. J’ai pris une décision, j’ai dit : ça suffit ! » D’Anita Cerquetti, disparue le 13 octobre, il ne reste que quelques disques, quelques entretiens et le superbe hommage que le cinéaste Werner Schroeter lui a rendu dans Poussières d’amour.

Albéric Lagier

jeudi 9 octobre 2014 à 16h04

Migration de l’Orchestre de Paris à la Philharmonie : annonce du départ de Paavo Järvi. Ouverture du nouvel Auditorium de Radio France : nomination du directeur musical de l’Orchestre National Daniele Gatti au Concertgebouw d’Amsterdam, mais surtout grève du Philharmonique inquiet de perdre son directeur artistique Eric Montalbetti au profit d’un administrateur commun (toujours le spectre de la fusion des formations jumelles), et rattrapage in extremis de Mikko Franck, chef désigné du Philharmonique refroidi par la situation. Suspense prolongé, cependant, sur le programme et le nom du (des ?) chef(s) au pupitre lors de l’ouverture de l’Auditorium et du Studio 104 (14 novembre). Pendant ce temps, annonce dans l’indifférence générale du départ de Thomas Zehetmair et de l’arrivée, l’été prochain, de Douglas Boyd au poste de directeur musical de l’Orchestre de chambre de Paris. Rififi géographique aussi : alors que la Philharmonie est toujours dans le béton (ouverture le 14 janvier 2015 ?), la salle Pleyel ne pourra être attribuée à un nouvel acquéreur que lorsque le différend entre l’ancien propriétaire Hubert Martigny et son ex-épouse Anna Maria Tarditi sera réglé (décision du Tribunal de commerce immédiatement contestée par la Cité de la musique-Philharmonie). En province, disparition annoncée, puis réapparition de l’Orchestre de Dijon-Bourgogne rattrapé par le Conseil municipal, Opéra-Orchestre National de Montpellier Languedoc-Roussillon en cessation de paiement : la crise en direct, premiers rounds. Mais à propos, combien coûte le ballet parisien des salles, des chefs et des orchestres ?

François Lafon

 

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