Mercredi 11 décembre 2024
Le cabinet de curiosités par François Lafon
Triple Concerto funèbre* en ce week-end de Pâques : disparition du compositeur Harrison Birtwistle (87 ans) et des pianistes Radu Lupu (76 ans) et Nicholas Angelich (51 ans). Le premier figurait dans le Top 5 des compositeurs britanniques, le deuxième explosait depuis longtemps les compteurs des stars du clavier, le troisième, tôt reconnu comme un grand parmi les siens, était trop jeune pour rejoindre le précédent dans son firmament chenu, et trop vieux pour laisser l’image d’un génie tôt foudroyé, tel Dinu Lipatti. Trois « antistars » en tout cas, Birtwistle moins en vue que ses compatriotes Peter Maxwell Davis (membre comme lui du groupe New Music Manchester) ou que le plus jeune Thomas Adès, les deux pianistes se retrouvant dans la façon qu’ils avaient d’occuper une bulle à la fois accueillante et intimidante. De Lupu, son partenaire et ami Murray Perahia disait au seuil du siècle au Monde de la Musique : « On se retrouve pour jouer aux cartes, et puis on fait du piano, mais je le vois de moins en moins ». D’Angelich, ses amis vantaient la modestie  au ton inimitable (« Ce n’était pas trop affreux ce soir ? ») et ses élèves le talent de les révéler à eux-mêmes sans imposer son style (très) personnel. Parmi quelques grands souvenirs de ce dernier : les Variations Goldberg de Bach au Théâtre des Champs-Elysées en 2011, où l’incontestable beethovénien et brahmsien qu’il était s’aventurait en terres baroqueuses et faisait taire les antagonistes. Restent les disques, en solo ou en musique de chambre. Là, Lupu comme Angelich allaient aussi loin que l’on peut aller quand on a le don de s’affranchir des mots pour faire parler la musique. 
François Lafon

* (Le Triple concerto funèbre signé Karl Amadeus Hartmann est pour violon et cordes) (Photo © DR)

 

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