Secrets d’histoire s’attaque à Mozart, et Mozart, plongé dans les tourbillons de sa propre carrière, s’en tire plutôt bien : portrait crédible, bien que pas toujours d’une authenticité absolue, les palais, églises et autres bibliothèques qu’il fréquenta à Salzbourg et à Vienne sont splendides, et il en va de même du théâtre de Prague où fut créé Don Giovanni. Les images du film Amadeus de Forman s’inscrivent bien dans le récit. Secrets ? Pas vraiment, beaucoup d’événements présentés comme tels n’en sont pas (ou plus). Artiste maudit ? Pas vraiment non plus. Et c’est plutôt le traitement que lui-même subit à Salzbourg, non celui des musiciens en général, que Mozart ne supporta pas. Amateur de femmes ? Sans doute, mais on ne sait pas grand chose de ses relations avec Nancy Storace, la première Susanna. Il est bon de redire ce qui distingue le pianoforte du clavecin, et de rappeler le rôle que joua à Vienne la franc-maçonnerie, mais il l’aurait été de préciser qu’aucune phrase dont on sait qu’elle fut prononcée par Mozart ne concerne le Requiem. Bonne idée que de rendre justice à Salieri, mais il n’est pas besoin, pour montrer qu’il fut mieux accepté que Mozart, ce qui reste à prouver, d’affirmer que ses quelque quarante opéras furent tous des triomphes : Salieri connut des échecs retentissants. Tout est-il beau partout chez Mozart ? En définitive, affaire de goût. Ne nous plaignons pas : les émissions musicales comme celle-ci sont rares. Et c’est avec bonne humeur qu’on s’est laissé emporter par un beau lapsus du maître de cérémonie : parlant de l’empereur Joseph II, il nous a fait atterrir d’un coup un siècle plus tard, en plein règne de François Joseph !
Marc Vignal
France 2, 20 août 2013. En Replay sur pluzz.fr.