Escale à la salle Pleyel du Tokyo Philharmonic en tournée à l’occasion du son centenaire (un peu plus : il a été créé en 1911). Deux musiques de ballets : Bugaku de Toshiro Mayzumi et Le Sacre du printemps de Stravinsky, séparés, - comme pour laisser une (faible) chance au premier -, par le Concerto pour violon de Tchaikovski. Au pupitre, le très professionnel Eiji Oue, en soliste la violoniste Kyoko Takezawa, vedette RCA des années 1990. Moins à son affaire que dans son brillant enregistrement du 2ème Concerto de Bartok, celle-ci détaille un Tchaikovski sentimental à l’excès, encouragée par les tempos lents du chef. Impression par ailleurs d’entendre un orchestre américain, machine à jouer conjuguant technique et discipline pour produire un maximum d’effet(s). Démonstration plus spectaculaire encore dans Le Sacre du printemps, mais même impression d’ « à côté ». En bis, déchaînement général : salle debout, chef possédé, orchestre survolté. La violence de Stravinsky et la démesure tchaikovskienne enfin là, mais dans la Rhapsodie de Yozo Toyama, morceau très connu, et pas seulement du public japonais. « Les mots (ou les notes) ne sont que les sous-titres d’un état intérieur », disait la grande comédienne et pédagogue Tania Balachova.
François Lafon
Salle Pleyel, Paris, 16 mars Photo © DR