Fifty Shades of Grey, the classical album (EMI), music selected by the author EL James. Sur la couverture bleu nuit, un noeud de cravate en soie argentée. Track listing : des tubes signés Bach, Chopin, Verdi, Villa-Lobos, Waugh-Williams, Rachmaninov, Fauré, Debussy, Tallis (le motet pour quarante voix Spem in alium, quand même), le tout dans des versions de prestige du catalogue EMI. Il s’agit des morceaux musicaux cités dans le best-seller de l’été outre-Atlantique, une trilogie vendue à vingt millions d’exemplaires, d’abord en version e-book, puis en format papier. Fifty Shades of Grey (Cinquante nuances de Gris), en cours de traduction chez Jean-Claude Lattès, sort en France pour les fêtes et une adaptation cinématographique signée Bret Easton Ellis serait d’ores et déjà en pourparlers, avec comme acteur principal Ryan Gosling. Un cadeau de Noël idéal – livres et disque – pour votre petite nièce ? Euh, pas exactement. EL James est un pseudonyme et Fifty Shades of Grey est un ouvrage à caractère pornographique, racontant l’initiation sadomasochiste d’une étudiante déluré par un homme d’affaires nommé … Grey, pianiste à ses heures, d’où l’aspect musical de l’objet. Cela dit, si votre petite nièce est fan de Twilight (Dracula version ados), elle ne sera pas dépaysée devant la pauvreté littéraire de l’ouvrage (du « mum porn » – porno pour mamies -, rien à voir avec Histoire d’O ) et le disque ne pourra, en tout bien tout honneur, que parfaire son éducation musicale.
François Lafon