Marcel Proust le musicien : vaste (vague ?) programme. A quoi ressemble le petite phrase de Vinteuil, leitmotiv musical d’A la Recherche du temps perdu ? A du Franck (Sonate pour violon et piano), à du Saint-Saëns (Romanza pour violoncelle et piano), à du Fauré (1ère Sonate pour violon et piano), à du Debussy, voire à du Reynaldo Hahn, l’ami de cœur de l’écrivain ? Et pourquoi pas à du Proust, lu à haute voix, respiré comme un texte de théâtre ? C’est ce que qu’ont tenté Anthony Leroy (violoncelliste) et Sandra Moubarak (pianiste), avec ce livre-disque finement illustré, à offrir pour Noël aux amateurs de cadeaux intelligents. Le principe est classique : un texte, une œuvre, trois comédiens et nos deux musiciens, secondés par Teddy Papavrami (violon) et Magali Léger (soprano), plus un document d’époque : le Quatuor Capet, que Proust appréciait, jouant Beethoven. Musicalement, rien à dire : on ferme les yeux en humant le parfum des cattleyas. Mais les textes, judicieusement choisis avec l’aval du spécialiste Jean-Yves Tadié ? Presto avec Romane Bohringer, Allegretto avec Didier Sandre, Andante avec Michael Lonsdale. Chez ce dernier, comme toujours : précision extrême teintée d’une très légère hésitation. C’est avec lui qu’on « entre dans la ronde, dans la ronde divine mais restée invisible pour la plupart des auditeurs » de la musique selon Marcel Proust.
François Lafon
Marcel Proust, le musicien. 1 livre-disque (2 CD) Decca 476 469 3