Plus que trois semaines à Paris au Musée d’Orsay, puis d’octobre à janvier au Musée Bonnard du Cannet (Alpes-Maritimes) : Misia, reine de Paris. Il s’agit de Misia Godebska, alias Misia Natanson (1er mariage), Misia Edwards (2ème mariage), plus connue sous le nom de Misia Sert, de son 3ème mariage avec le peintre catalan José Maria Sert. Comme elle a posé pour ses amis Bonnard, Vuillard, Vallotton, Toulouse-Lautrec, Renoir et quelques autres, l’exposition est déjà un concentré de chefs-d’œuvre. Comme elle a été de la plupart des aventures mondaines et esthétiques de la Belle Epoque à la seconde Guerre mondiale (c’est elle, entre autres, qui a présenté Cocteau à Diaghilev), on y voit défiler le gotha d’un monde révolu. Propos glané au détour d’une salle : « Vous savez, c’était aussi une musicienne ». Merci à l’exposition de rappeler que cette muse (on ne compte pas les célébrités qui se seraient jetées à l’eau pour elle) était avant tout une pianiste surdouée, élève de Fauré et partenaire de Marcelle Meyer, connue dans les salons (elle ne jouait que là) pour ses interprétations de Beethoven, Schubert et Chopin. Elle a fréquenté Stravinsky, soutenu Debussy et inspiré Ravel qui lui a dédié sa mélodie Le Cygne (3ème des Histoires naturelles de Jules Renard) et son poème chorégraphique La Valse. Mais nous sommes en France, et dans son éclectisme (sa camarade Gabrielle Chanel l’appelait Madame Verdurinska), cette faiseuse de tendances n’a été qu’aussi une musicienne.
François Lafon
Paris, Musée d’Orsay, jusqu’au 9 septembre. Le Cannet, Musée Bonnard, du 13 octobre au 6 janvier 2013