Sortie au cinéma de Marguerite de Xavier Giannoli, librement inspiré du personnage de Florence Foster-Jenkins, « The worst diva in the world ». Rien d’un biopic (on en attend un signé Stephen Frears, avec Meryl Streep – voir ici), plutôt une variation sur la relativité de l’art. Une coproduction franco-tchéco-belge « en costumes » à budget confortable, fondée sur la présence à l’affiche de Catherine Frot, une des actrices françaises les plus populaires (ce que l’on sait) et les mieux payées (ce que l’on sait moins). Bouche à oreille flatteur : ovation à la Mostra de Venise, superlatifs télévisuels du genre : « Attention, culture ! », César annoncé pour l’interprète principale. Au mystère fondateur du mythe Foster-Jenkins (Qui était-elle au fond ? Savait-elle qu’elle chantait mal ? Se moquait-elle du monde ?) Giannoli - cinéaste de Superstar, Quand j’étais chanteur et Les Corps impatients, titres parlants – en oppose un autre, celui du visage de sphinx, du jeu décalé de sa vedette. Cette Marguerite Dumont, frustrée en amour mais riche à millions, agneau au milieu des loups, se rend-elle compte que sa passion non-partagée pour la musique fait d’elle la proie d’un petit monde peu reluisant (mondains intéressés, journalistes sans scrupules, professeur de chant escroc…) ? Le spectateur, lui, n’en ignore rien, tant le trait est gros. On se voudrait chez Visconti (intérieurs 1920 soignés), on se retrouve chez Gérard Corbiau : musique et frustration, sublime et sordide, la recette Farinelli. Bon point : Catherine Frot est crédible quand elle chante, sa propre voix mêlée à celle d’une véritable cantatrice (non mentionnée au générique), laquelle s’ingénie avec succès à couaquer plus fort encore que la vraie Foster-Jenkins.
François Lafon
Marguerite, de Xavier Giannoli, avec Catherine Frot, Michel Fau, André Marcon. En salles à partir du 16 septembre