Pour illustrer l’exposition « Au royaume d’Alexandre le Grand », le Louvre révèle un double scoop musical : un triple extrait (deux arias et un récitatif) de la Médée du poète et compositeur athénien Carcinos le Jeune (vers 360 av. J.-C.), découvert en 2002 dans une boite de fer au fond des réserves du musée, ainsi qu’une longue partition « magique, envoûtante jusqu’à inspirer le frémissement » selon le dossier de presse, issue elle aussi du département des antiquités égyptiennes. C’est Anne Bélis, chercheur au CNRS, qui a été chargée de décrypter ces merveilles, qu’elle interprète avec son ensemble Elyma. Il y a une bonne vingtaine d’années qu’Elyma tente de restituer ces sons d’il y a deux-mille-quatre-cents ans, en s’appuyant principalement sur la fragmentaire mais précieuse Introduction à la musique d’Alypius d’Alexandrie (vers -360 elle aussi, c'est-à-dire, approximativement, du temps de Philippe de Macédoine, père d’Alexandre). Le résultat, avec prononciation restituée du grec ancien et reconstitution d’instruments d’époque, est incantatoire et passablement troublant. Il contribue en tout cas à préciser la vague idée que nous nous faisons de ces mystérieuses cérémonies musico-dramatico-religieuses, desquelles est pourtant issu tout le théâtre occidental.
François Lafon
« Les musiques qu’aimait Alexandre le Grand », Musée du Louvre, 8 décembre de 20h30 à 22h. Exposition « Au royaume d’Alexandre le Grand. La Macédoine antique », jusqu’au 16 janvier 2012.