Sur le site de l’Orchestre Philharmonique de Vienne, à la section “Histoire”, la rubrique “National-Socialisme”, créée en mars 2013, est illustrée par une photo des musiciens devant lesquels se tient un chef de profil (apparemment Karl Böhm), et prend place entre les rubriques « Début du XXème siècle » et « Ere moderne », significativement illustrées par des photos de Gustav Mahler et Leonard Bernstein. Le sujet avait déjà été traité : dans Les Grandes heures du Philharmonique de Vienne, paru en français aux Editions Du May en 1993, Clemens Hellsberg, directeur des Archives historiques de l’Orchestre, consacre trente pages à la période. En six chapitres intitulés « Processus de politisation du Philharmonique depuis la 1ère Guerre mondiale jusqu’à 1945 », « Expulsion et assassinat de musiciens après 1938 », « Déportation et assassinat », « Morts à Vienne », « Musiciens exilés » et « Observations sur la nazification et la dénazification », le texte est précis et documenté. On ne s’y contente pas, comme sur le site du Philharmonique de Berlin, de raccourcis du genre : « Pour l'orchestre, les années du Troisième Reich ont été une question d'équilibre entre le respect des lignes directrices de la politique culturelle et idéologique du régime et la préservation de l'autonomie artistique ». Selon Le Monde du 10 mars dernier, « Le prestigieux orchestre philharmonique de Vienne a été contraint de dévoiler les conclusions accablantes d'une enquête sur son passé nazi ». Intéressant de voir, ce midi en Mondovision, le public trié sur le volet du Concert du nouvel an acclamer Daniel Barenboim dirigeant Légendes de la forêt viennoise avec un art consommé du chaloupé local.
François Lafon
Photo : L'Orchestre Philharmonique de Vienne en 1942 © DR