Mer Egée, Cyclades : des noms qui évoquent la Mythologie et les vacances, voire la seule mythologie des vacances. On connaît moins Syros, au cœur de l’archipel, et sa petite capitale, Ermoupolis : un port - jadis le premier du pays, aujourd’hui paradis des yachtmen -, ses deux collines avec chacune leur évêque, grec et catholique, et le Théâtre Apollon, le plus ancien opéra de Grèce (1864) dit encore « La Piccola Scala », délicieuse réduction de l’autre, et fruit de la volonté d’armateurs venus de Chios. Aujourd’hui, la petite Scala vit ses grandes heures en juillet, pour le Festival « international » de l’Egée, dédié à la plus classique des musiques. Fondé voici douze ans par Peter Tiboris, son inamovible directeur, musicien texan de parents grecs, le festival bénéficie de soutiens généreux publics et privés. Au programme, une production lyrique, au milieu de quelques concerts symphoniques. On y vient comme on est, on y croise le pope, le maire et même l’évêque (catholique), invité d’honneur d’un concert de musique sacrée (Campra, Berlioz, Franck, Fauré, Poulenc) par le Chœur d’enfants d’Île-de-France, conduit avec talent par Francis Bardot, juste avant la deuxième représentation de I Pagliacci, dont il assure la partie chorale. Piero Giulacci (Canio), vieux routier des scènes italiennes, sert Leoncavallo avec fougue et sincérité. Il est très applaudi. Alors qu’importe la simplicité du décor ou une prima donna un peu trop prima donna, qu’on croise après la représentation au bras du directeur du festival, … son mari. Si près et si loin de Myconos, en tout cas l’île la plus culturelle de l’Egée.
Gilles Miller
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