« Bien que la musique soit halal, la promouvoir et l’enseigner est incompatible avec les valeurs sacrées de la République islamique. Il vaut mieux que notre belle jeunesse s’occupe à étudier les sciences et à pratiquer des activités saines, comme le sport », a répondu l’ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de l’Iran, à un jeune homme qui s’inquiétait de savoir s’il était ou non convenable de céder aux charmes d’Euterpe. On savait que Khamenei, dont les moindres déclarations sont considérées comme paroles d’Evangile (si l’on ose dire) par les autorités politiques et religieuses iraniennes, n’était pas un mélomane convaincu. Cité par le quotidien anglais The Guardian, Houshang Asadi, un de ses compagnons de cellule avant la révolution de 1979, rappelle que celui-ci n’a jamais toléré que les hymnes patriotiques et les chants religieux. Une fois au pouvoir, il n’a eu de cesse de chasser les musiciens, qu’ils soient classiques ou de variétés. Pour preuve que les pouvoirs incontrôlables de la musique sont considérés comme hautement symboliques par les politiques iraniens, le réformiste Mohammad Khatami en a ouvertement favorisé le développement, alors que son successeur Mahmoud Ahmadinejad l’a remise à l’index, craignant par ailleurs que les concerts ne soient prétextes à des manifestations antigouvernementales, spontanées ou orchestrées par l’opposition. L’expérience malheureuse de la tournée de l’Orchestre Symphonique de Théhéran, venu jouer, en janvier dernier dans plusieurs villes d’Europe de l’ouest (dont Strasbourg) une Symphonie de la Paix et de l’Amitié aux ambitions plus propagandistes que musicales, n’a pas dû contribuer à améliorer la situation.
François Lafon