Remue-ménage autour du concert "For Russia with love", programmé le 7 octobre à Berlin par Gidon Kremer avec la Kamerata Baltica. Une manifestation de soutien aux artistes et personnalités persécutés par le régime de Vladimir Poutine, à laquelle participeront Martha Argerich, Daniel Barenboim, la pianiste Khatia Buniatishvili et le violoncelliste Nicolas Altstaedt. « En tant qu'artiste, je n'ai pas seulement le droit mais aussi le devoir d'attirer l'attention du public sur ces problèmes. Dans le passé, des gens comme Pablo Casals, Yehudi Menuhin et Mstislav Rostropovitch ont eux aussi combattu pour certaines libertés, » explique Kremer dans une interview donnée au quotidien allemand Die Welt. Au programme, des clins d’œil aux Pussy Riots, mais aussi L’Ange de deuil, une pièce dédiée par le compositeur géorgien Guia Kantcheli à l’homme d’affaires Mikhaïl Khodorkovski, emprisonné depuis 2004 pour escroquerie à grande échelle et évasion fiscale. « Je ne sais pas si celui-ci a commis des crimes économiques, mais le fait qu’il passe les meilleures années de sa vie dans un pénitencier loin de sa famille est ridicule, » se défend Kremer. Et d’en appeler à son maître David Oistrakh (« Il a été un représentant du régime soviétique en même temps un grand artiste. Qui sait si que ce conflit ne lui a pas coûté de nombreuses années de vie ? ») pour relativiser tout manichéisme politique. Une façon de dire que le soutien à un sulfureux oligarque n’est un scandale qu’aux yeux des occidentaux ?
François Lafon