Nomination, le 11 septembre, du Catalan Joan Matabosch, actuel directeur du Liceo de Barcelone, à la tête du Teatro Real de Madrid, pour succéder à Gerard Mortier, sous contrat jusqu’en 2016 mais absent pour (graves) raisons de santé. Dans une interview au quotidien El Pais, Mortier avait déclaré qu’il ne voyait aucun Espagnol pour lui succéder, et avait donné une liste de prétendants selon ses vœux, menaçant de partir s’il n’était pas écouté, ce qu’apparemment, il ne compte plus faire : « Je n'ai pas été informé du fait que mon successeur avait été choisi. Nous nous trouvons face à une situation juridique complexe, avec deux directeurs artistiques, car je ne suis pas encore mort, même si certains en seraient heureux (…) Matabosch est un homme sympathique, mais ce qu’il propose n’a rien à voir avec le projet en cours. Je crains qu’il n’ait pas la force de s’imposer face au gouvernement. » Balle coupée de Carmelo Di Gennaro, ex-directeur artistique adjoint du Real : « Le Teatro Real est soumis à des pressions politiques qu’il faut traiter avec prudence, ce que Mortier n’a jamais réussi à faire. » Indignation dans le New York Times de Gregorio Maranon, président du Real : « M. Mortier n'a pas été congédié, mais ses commentaires très inhabituels sur le processus de sélection, ainsi que sa menace de démissionner s'il n'approuvait pas le choix de son successeur, ont rendu impossible pour l'Opéra de risquer de se retrouver sans directeur artistique. » Déclaration d’intention de Joan Matabosch : « Le Teatro Real a besoin de chanteurs internationaux de haut niveau, mais c’est un théâtre national espagnol, où il convient de promouvoir les talents espagnols. Les deux objectifs sont compatibles. » Mot de la fin ou pot aux roses ?
François Lafon
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