Une salle, un film : il y a la bombe de Docteur Folamour, la robe vichy de Lolita, la machine à écrire de Shining, le scaphandre de 2001, l’Odyssée de l’espace, l’uniforme de Barry Lindon, les masques de Eyes wide shut. Mais ce n’est pas tant à l’image qu’on se repère dans l’exposition Stanley Kubrick qui arrive à Paris après une longue promenade à travers l’Europe, qu’à la musique. Pump and circumstances : Full Metal Jacket ; La Pie voleuse : Orange mécanique ; Lux Aeterna de Ligeti : 2001 ; la Symphonie fantastique (citation du Dies Irae médiéval) : Shining. Technologie avancée au service de l’irrationnel : une méthode très kubrickienne. Ce n’est qu’en fin de parcours qu’on découvre (mais il faut bien chercher) la salle consacrée exclusivement à la musique. C’est une boite noire. Au mur, une citation : « Il ne semble pas y avoir grand intérêt à engager un compositeur qui, aussi excellent soit-il, n’est ni un Mozart ni un Beethoven lorsqu’un vaste choix de musique orchestrale, incluant des œuvres contemporaines et avant-gardistes, est à votre disposition. » A droite : le disque d’or de la B.O. d’Orange mécanique. A gauche, un tableau des affects de la musique selon Kubrick : cordes seules = solitude ; valse = une forme pour le monde. Au fond, un écran où passe en boucle un film d’une demi-heure illustrant ce tableau. Il n’y a plus, après cela, que la salle des films jamais tournés, à commencer par le Napoléon qui a fait peur à tous les producteurs. On ne pouvait déjà pas aller plus loin dans le mystère Kubrick.
François Lafon
Stanley Kubrick : l’exposition – A la Cinémathèque française, 51 rue de Bercy, 75012 Paris, jusqu’au 31 juillet (fermeture mardi) – cinematheque.fr