Un collectif de jeunes musiciens s’est lancé dans un projet ambitieux : offrir à la région Ile-de-France un orchestre professionnel de jeunes, démarche indispensable à l‘ère du Grand Paris. Ensemble à « géométrie variable », l’Orchestre des Jeunes d’Ile-de-France (OJIF) s’est ouvert trois horizons : celui de l’excellence, ses musiciens étant issus du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, du Pôle Supérieur de celui de Paris-Boulogne-Billancourt et de divers Conservatoires franciliens, celui de la transmission, grâce à l’encadrement de ces jeunes artistes par des professionnels en poste dans les grandes phalanges parisiennes, et celui de l’ouverture, par un rayonnement vers les banlieues et la grande ceinture. Pour le concert inaugural, le programme n’était pas « de tout repos ». Unfinished Journey (Voyage inachevé) pour violon et cordes du compositeur franco-libanais Bechara El-Khoury, hommage rendu en 2009 à Yehudi Menuhin pour le dixième anniversaire de sa disparition, puis Concerto pour violon de Mendelssohn, avec une soliste venue d’Estonie : Triin Ruubel, saisissante dans le finale. Restait la Symphonie n°1, dite à tort ou à raison Titan, de Mahler : on l’attendait au tournant. Le chef David Molard, associé depuis septembre 2014 de Paavo Järvi à l’Orchestre de Paris, la connaît de toute évidence bien. Sans entrer dans les détails : son enthousiasme, il a su le communiquer à l’orchestre, ce dernier s’est emparé avec exultation des débordements sonores de la partition, à la fin des deux mouvements extrêmes mais pas uniquement. Triomphe prévu et mérité, reste à entendre l’Orchestre des Jeunes d’Ile-de-France dans Schönberg ou dans Haydn.
Marc Vignal
Auditorium Marcel Landowski du Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR) de Paris, 2 juillet Photo © DR