Vendredi 26 avril 2024
Le cabinet de curiosités par François Lafon
Christiane Eda-Pierre, images à conserver
lundi 7 septembre 2020 à 11h12
Quelques mois après Mady Mesplé, disparition à quatre-vingt-huit ans de Christiane Eda-Pierre. Rivales en suraigu (deux Lakmé, deux Gilda), mais aussi dissemblables que l’étaient Tebaldi et Callas. S’il n’était qu’une image à conserver d’Eda-Pierre : Antonia des Contes d’Hoffmann (Offenbach) mis en scène par Patrice Chéreau au Palais Garnier, se mirant dans le reflet de la petite fille qu’elle avait été. Au disque : L’Enlèvement au sérail (Mozart) dirigé par Colin Davis, écho du spectacle parisien où, dirigée par Böhm le père (Karl), elle avait pour partenaire Böhm le fils (Karlheinz, au cinéma le François-Joseph de Sissi). Mais aussi, toujours avec Davis, Benvenuto Cellini, Béatrice et Bénédict, pierres angulaires de la British Berlioz Renaissance. On la revoit aussi à la Monnaie de Bruxelles, Vittelia déchaînée croquant des roses rouge-sang dans La Clémence de Titus (Mozart) « de » Karl-Ernst Hermann, qui restera le spectacle fétiche de Gerard Mortier. Autre flash : ce Zoroastre de Rameau d’avant les baroqueux à la salle Favart, avec le grand (et bien oublié) ténor suisse Eric Tappy. Et puis, en guise d’apothéose, l’Ange Musicien de Saint-François d’Assise d’Olivier Messiaen avec Seiji Ozawa au pupitre, voix de ciel rivalisant avec les Ondes Martenot messiaenesques. Née à Fort-de-France dans une famille où l’on recevait Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, elle a été la première cantatrice noire de la troupe de l’Opéra de Paris. Elle racontait, sans dire où cela se passait, qu’un gardien nouveau venu lui avait un jour barré l’entrée d’un théâtre où elle était affichée. 
François Lafon

(Photo © DR)

 

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