Pour succéder au chroniqueur Henry-Jean Servat et à l’actrice Julie Depardieu, Patrick Poivre d’Arvor en personne. Pour quoi faire ? Monter un opéra. C’est à Carmen que PPDA va se mesurer. Il aurait préféré monter Don Giovanni, mais sa fille Solenn préférait Carmen. « Je m’endors avec Carmen, sans avoir besoin du son » ( ?) a-t-il déclaré. De cour (d’honneur) en jardin (du château), Opéra en plein air promène chaque année un spectacle à travers la France. Il s’agit de « susciter un rapport nouveau à l’art lyrique ». Pas question, donc, de relecture critique des chefs-d’œuvre du répertoire. On y va comme à un Son et Lumière, sans faire attention aux aléas de la sono, et sans se poser de questions sur la pertinence stylistique de ce qu’on voit et (avec de la chance) entend. Les vieilles pierres, de toute façon, sont là pour légitimer l’entreprise. Patrick Poivre d’Arvor a, comme ses prédécesseurs, un co-équipier censé redresser la barre en cas de tempête, en la personne de Manon Savary, fille de Jérôme. Ensemble, ils veulent échapper à l’espagnolade, et imprimer au spectacle « un caractère furieux » et un rythme rappelant celui du JT (sic). Une des vertus de cet acte culturel estival est de donner leur chance à de jeunes chanteurs. Dont acte. En tout cas, le concept fonctionne, puisque l’opération fête son dixième anniversaire.
François Lafon
Carmen, 26 représentations, du 3 juin au 4 septembre