C’est l’histoire d’un pianiste sur le retour qui donne des leçons pour vivre et qui déteste ses élèves, d’un monsieur qui ne peut pas jouer de fa dièse parce que son épouse est morte pendant un fa dièse (et une partie de mikado), d’une dame qui vit un enfer par amour pour Chopin, d’un duo de clarinettistes qui se battent pour jouer en solo, d’un ado allergique au piano et qui joue Purcell à la trompette (et non à la vuvuzela) pendant les matchs de foot. C’est le portrait, en une dizaine de chapitres placés chacun sous le signe d’une œuvre célèbre, de quelques-uns de ces malades (dont nous sommes, vous et moi) qui peuplent l’univers enchanté et vermoulu de la musique classique. C’est signé Christian Binet, le papa des immortels Bidochon, lui-même mélomane, instrumentiste et compositeur, et faisant donc partie, lui aussi, des malades en question. C’est drôle, méchant et pertinent. Extrait du dialogue :
- Voyez-vous Maestro, quand je joue cette sonate, je revois le visage de Madeleine !!
- Si seulement vous pouviez voir la tête de Mozart !!
Cela est intitulé Bas de gamme, et c’est le premier volume d’une série appelée Haut de gamme. C’est une bande dessinée, bien sûr, où l’on retrouve le trait sale et précis en même temps, les personnages pas beaux mais très vrais qui ont fait la réputation de l’auteur. Miroir, mon beau miroir…
François Lafon
Binet : Haut de gamme. Vol. 1 : Bas de gamme. Dargaud, 47 pages, 9,95 euros