Ca y est : l’Orchestre de Chambre d’Israël a joué Siegfried-Idyll à Bayreuth ! Les négociations ont été longues, et le projet n’a pas fait l’unanimité. « La venue de l’orchestre aurait dû se faire de façon plus discrète. A partir du moment où il y a ne serait-ce qu’une personne qui se sent blessée par le fait que du Wagner est joué par des juifs en Allemagne, il aurait mieux valu ne pas faire autant de bruit autour » a déclaré Felix Gothart, responsable de la communauté juive de Bayreuth (500 membres). Comme prévu, le concert n’a pas été donné au Festspielhaus, mais dans la moins emblématique Stadthalle. Il était dédié à Liszt, beau-père de Wagner mais personnalité plus présentable, et les musiciens n’ont répété Siegfried-Idyll qu’une fois arrivés en terre allemande. De son côté Katharina Wagner, co-directrice du festival et instigatrice de l’opération, a réitéré sa promesse d’ouvrir les archives familiales relatives à la période nazie. Dans le quotidien Der Sipegel, Nike Wagner, candidate malheureuse à la direction du festival, analyse longuement l’attitude de son père Wieland, qui, enfant, a sauté sur les genoux d’Hitler mais a grandement contribué par ses mises en scène à dénazifier le répertoire wagnérien. « Bayreuth est un phénomène social, conclut-elle, mais je suis étonnée qu’Angela Merkel s’associe si étroitement avec une entreprise aussi risquée politiquement. Il y a d'autres festivals, moins médiatisés, à soutenir ». Un peu plus de dynamite, avec votre Kaffee-Kuchen ?
François Lafon