Retransmission télé des spectacles d’ouverture des festivals d’Aix-en-Provence (Arte) et d’Avignon (France 2). Pas grand-chose à voir entre La Flûte enchantée au Grand Théâtre de Provence et Le Prince de Hombourg depuis la cour du Palais des papes, si ce n’est l’utilisation scénique des technologies avancées : projections, incrustations, utilisation de micros HD. A la difficulté de recomposer au montage un univers conçu pour être perçu globalement, s’ajoute le danger de tuer l’illusion. Plus très impressionnante la cavalcade virtuelle du Prince de Hombourg sur son destrier géant, à peine aperçue la transformation du mur papal en forteresse brandebourgeoise. En revanche les effets spéciaux à vue (les techniciens, la bruiteuse sont sur scène) de La Flûte enchantée passent mieux, et transforment l’écran en boite à images alla Méliès. Juste retour des choses : la fantasmagorie en ombre et lumière imaginée par le metteur en scène Simon McBurney (connu pour avoir enchanté … le Palais des papes avec Le Maître et Marguerite d’après Boulgakov) est mieux intégrée dans l’action que les images plaquées par Giorgio Barberio Corsetti sur la pièce de Kleist. Etrangeté sonore édulcorée en revanche pour La Flûte, faisant sonner comme sur un disque les voix (belles) et le Freiburger Barockorchester (excellent). Le moment où la musique abolit tous les subterfuges, c’est curieusement à Avignon qu’on le trouve, quand un contre-ténor égrène « Le ciel est par-dessus le toit …» (Verlaine/Fauré) tandis que le Prince attend la mort dans sa prison.
François Lafon
La Flûte enchantée, en replay sur Arte+7 jusqu’au 16 juillet Photo © DR