Sur France 2 le 7 février à 0 h 35 (bien payé pour du classique, cela pourrait être 5 h du matin), Esa-Pekka Salonen, antimaestro, d’Emmanuelle Franc. Exercice difficile : comment tenir 52 minutes avec un chef vedette mais discret (d’où le titre rabâché d’Antimaestro ?) doublé d’un compositeur dit « contemporain » ? C’est au Châtelet, pendant le festival Présences 2011 dont il était l’invité d’honneur, que la réalisatrice a talonné l’antimaestro : répétitions de ses propres œuvres et de ses musiques préférées (Varèse, Lutoslawski) avec le Philharmonique de Radio France, extraits de concerts, réactions à chaud et entretiens au calme, filmés peu après en Finlande, dans sa superbe maison lacustre. Affable et probablement timide, Salonen est à la fois spontané et réservé, ce qui complique le passage à la confidence. Ce qu’il dit a l’air tout simple, voire banal, et pourtant - un habile montage aidant - son portrait se dessine assez nettement : « J’étais un adolescent rétif à l’autorité, dit-il en substance, l’envie de composer m’a donné une raison d’être, et je suis devenu chef pour gagner ma vie. » Il avoue aussi que durant les périodes où il compose, dans le grand nord, la solitude lui pèse et l’excitation du concert lui manque. Il est en phase avec son public, qui l’aime davantage quand il dirige les œuvres des autres.
François Lafon
France 2, le 7 février à 0h35 Photo © DR