Samedi 5 octobre 2024
A la recherche de la vie perdue
Le Palais Royal entre pureté éthérée anglaise et rudesse germanique
Paradisi Gloria

Il y avait à l’époque baroque plusieurs façons de chanter la « gloire du paradis » et de se mettre « à la recherche de la vie perdue », même à Venise où pourtant, nous dit-on, régnait un seul langage musical, où le sens profond des œuvres était connu et partagé par tous, où les sentiments s’exprimaient avec truculence et où on n’entendait que de la musique vivante. Entre Antonio Lotti (1667-1740) et Antonio Vivaldi, la différence d’âge n’est pas énorme mais on ne saurait les confondre. Les liens du second avec Venise sont connus, et on nous propose de lui, pour terminer ce CD, un bref Laetatus sum pour violons, chœur et continuo dont les quatre strophes sont clamées de manière homophonique. Le premier mena toute sa carrière à San Marco, à part un court intermède à Dresde, où il composa une Missa Sancti Christophori dont on nous présente l’assez virtuose Credo (Dresde brillait par l’excellence de ses musiciens instrumentaux et vocaux). Avant de s’installer dans la péninsule ibérique, Domenico Scarlatti (1685-1757) vécut à Rome avec son père Alessandro, et c’est là que naquirent son Iste Confessor à caractère d’hymne et vers 1715-1718 son Stabat Mater à dix voix solistes et continuo. Moins connu que les autres et d’une génération plus ancienne, Bonaventura Rubino (v.1600-1668), né près de Bergame et actif à Palerme, est représenté par un Lauda Jerusalem « en forme de chaconne dansante et radieuse, comme le texte le suggère ». Le Palais Royal veut dans ses interprétations éviter tant la « pureté éthérée des voix blanches anglaises » que l’homogénéité des chœurs allemands, en faveur d’une certaine rudesse. Pari tenu, en un temps plutôt court il est vrai.
Marc Vignal

Œuvres de Domenico Scarlatti, Bonaventura Rubino, Antonio Lotti et Antonio Vivaldi
Le Palais Royal
Direction musicale : Jean-Phlilippe Sarcos
1 CD Aparté AP344
46 minutes

mis en ligne le jeudi 22 août 2024

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