Mardi 19 mars 2024
Concerts & dépendances
À la veille du départ (fin 2017) de son directeur général Jean-Paul Davois, auquel succédera Alain Surrans (Opéra de Rennes), Angers Nantes Opéra pouvait s’enorgueillir de confier au tandem de metteurs en scène Moshe Leiser et Patrice Caurier une nouvelle production du Couronnement de Poppée de Monteverdi. 
On connaît la contrainte de cet ouvrage du XVIIème siècle où : « il s’agit davantage d’écouter un texte mis en musique que de seulement écouter de la musique » (Leiser), tout en préservant le sens théâtral d’une partition dont ne nous sont parvenues que la ligne de chant et la basse continue. Plus de trois heures de récitatifs qu’il faut « habiller » d’un orchestre, et c’est dans ce contexte que le travail des metteurs en scène est particulièrement captivant, puisque Moshe Leiser a confirmé son intérêt pour la musique en dirigeant lui-même en duo avec le chef d’orchestre Gianluca Capuano… Peut-être n’est-ce pas un hasard s’il confiait récemment apprécier tout spécialement la version discographique de cet ouvrage par La Venexiana et Claudio Cavina (Glossa) : ce même Claudio Cavina qui, lui, passait de la fosse à la mise en scène à l’invitation du Festival de Schwetzingen, en mai dernier.
Résultat ? Un spectacle étonnant sur le plan dramaturgique où l’on apprécie la manière avec laquelle le texte du poète Busenello resplendit à chaque mot, chaque phrase. À les observer face aux musiciens de l’ensemble italien Il Canto di Orfeo (fondé par le chef, en 2005), leurs gestes à la fois mesurés et précis participaient au succès de ce Couronnement. Fallait-il pour cela banaliser à ce point le décor ? La baignoire où se suicide Sénèque, le rideau de fer sur une volée de buildings au loin, le papier à grosses fleurs sur les murs d’une chambre modulable, les cartes-postales d’intérieurs de palais et autre châteaux antiques, sans parler de Néron en jogging, Poppée et sa fourrure, et Drusilla en tenue fifties ? Oui, répondent les metteurs en scène qui pensent qu’il faut ancrer le texte – le premier à partir de personnages historiques réels – dans notre monde contemporain. Dans ce cas, pourquoi ne pas concentrer l’action sur un plateau nu ? Mais tout cela est finalement secondaire, tant une distribution vocale homogène obéit au plus près au mouvement des humeurs, d’Elmar Gilbertsson (Néron) à Renato Dolcini (Othon) et Peter Kalman (Sénèque), de Chiara Skerath (Poppée) à Rinat Shaham (Octavie) et Elodie Kimmel (Drusilla). Plus encore, ce sont les rôles plus modestes qui touchent à la vérité par leur sens de la comédie : le contre-ténor Logan Lopez Gonzalez en Amour ailé et doré de la tête aux pieds (unique clin d’œil à la peinture de l’époque), qui virevolte avec grâce dans les airs, Éric Vignau, royal(e) Arnalte, et Dominique Visse tout aussi impeccable et si drôle en Nourrice cacochyme – voix et sentiments, sans caricature. La perfection des chanteurs se retrouve dans le soin apporté aux instruments, même si, ici ou là, on aurait souhaité plus d’imagination dans l’orchestration. Une reprise serait amplement justifiée au vu de ce remarquable travail.
Franck Mallet

Mardi 17 octobre, Théâtre Graslin, Nantes. (Photo : de gauche à droite : Logan Lopez Gonzalez (Amour), Chiara Skerath (Poppée) et Elmar Gilbertsson (Néron) ; ©Jef Rabillon)
 
samedi 21 octobre 2017 à 00h16
Premier concert de la série Les Pianissimes à la salle Cortot (Ecole Normale de Musique de Paris) : Tanguy de Williencourt (piano) et Bruno Philippe (violoncelle). Sold out pour ces wonderboys gâtés par les fées, le premier élève de Roger Muraro (lui-même élève d’Eliane Richepin, elle-même élève de … Cortot), le second de Raphaël Pidoux au CNSM, tous les deux lauréats (entre autres) de l’ADAMI et admis de droit dans les circuits royaux. Programme apparemment décousu, mais très pensé. Deux solos d’abord : 1ère Suite de Bach pour Bruno Philippe (son royal, justesse absolue, lyrisme contrôlé), pot-pourri Wagner - Liszt pour Tanguy de Williencourt (ou comment jongler avec Senta et les Fileuses du Vaisseau fantôme pour finir sur une Mort d’Isolde océanique) … hors d’œuvre du CD récital fraîchement paru (Mirare – voir ici). En duo pour finir : la Sonate « à Kreutzer » de Beethoven transcrite pour violoncelle par Carl Czerny … extrait de l’album Harmonia Nova (Harmonia Mundi) actuellement dans les bacs. Une interprétation enflammée, qui ne fait tout de même pas oublier qu’un des miracles de la « Kreutzer » et justement l’accord parfait entre le piano et le violon. En bis : le mouvement lent opportunément capiteux de la Sonate violon-piano de Rachmaninov … que le duo va enregistrer pour Harmonia Mundi. Comme quoi plaisir musical et promotion bien sentie ne sont pas forcément incompatibles.
François Lafon

Salle Cortot, Paris, 20 octobre (Photo © DR)

vendredi 20 octobre 2017 à 00h08
A l’Opéra Comique : Kein Licht de Philippe Manoury sur des textes d’Elfriede Jelinek, mis en scène par Nicolas Stemann. Une production participative (voir ici - 105 généreux donateurs individuels) initiée in loco mais créée dans le cadre de la Ruhrtriennale et donnée au festival Musica de Strasbourg, et déjà détentrice du prix Fedora 2016. Une création quand même puisque le compositeur revendique la dimension d’« œuvre ouverte », recomposable à merci, pour ce Thinkspiel (de « penser » en anglais et de « singspiel », genre lyrique intraduisible de l’allemand) dont le titre fait référence à Licht, le grand-œuvre opératique à épisodes de Stockhausen. Anecdote : le sombre avenir de l’humanité (Kein Licht : pas de lumière) perdue par le nucléaire (on pense au Grand Macabre de Ligeti). Cela commence à Fukushima et se termine sur Mars, où le couple de narrateurs fuit après avoir, entre autres, assisté aux menaces atomiques adressées par Donald Trump à son homologue coréen, le tout en trois parties (en gros : incrédulité, déni, renoncement) commentées en guise d’intermèdes par le compositeur lui-même passant de la console au micro (en français, lui). Mais l’anecdote n’est qu’ … anecdotique pour Manoury, lequel se réclame d’un opéra « sans identification sur les personnages » (« Comment le public peut-il encore croire que la mezzo qu’il a sous les yeux s’appelle réellement Carmen ? »), et chanté quand il le faut seulement (parlé donc, en l’occurrence dans la langue de Goethe) pour échapper à ce qu’il appelle, dans une interview pour le site Forum Opera « le syndrome des Parapluies de Cherbourg ». Il en résulte un spectacle fou, pas aussi anarchique qu’on l’a dit, volontiers moralisateur mais assez drôle par moments, jusque (involontairement ?) dans le choix de certains textes, plus conventionnels qu’abscons (« Le texte est obscur, mais la réalité l’est tout autant » dit Manoury) une fois sortis de leur contexte. Un spectacle virtuose (Stemann est un maître de la scène et un collaborateur attitré de Jelinek) dans le goût actuel du théâtre allemand, au service d’un ouvrage qui n’innove pas vraiment, l’opéra dépersonnalisé ayant fait long feu depuis l’époque où Luciano Berio l’a porté à un certain degré d’accomplissement. Mais la musique (orchestre dirigé par Julien Leroy, son IRCAM) est belle, ponctuée de références venant à point nommé : citation fulgurante de Wozzeck de Berg, magnifique lied alla Mahler, et même trio du Chevalier à la rose avec chien savant, auquel reviendra le ouah ouah de la fin, quand les mots, parlés ou chantés, ne seront plus capables de rien dire. A quand une Kein Licht Symphonie, à écouter les yeux fermés sur le sort de la planète dévastée ? 
François Lafon

Opéra Comique, Paris, jusqu’au 22 octobre (Photo © DR)
 
Pour son oratorio Le Front de l’aube, destiné à un baryton solo, un orchestre et un chœur d’enfants – commande pour la cathédrale du Festival de Laon associé au département de l’Aisne, reprise le lendemain à Saint-Quentin et le jour suivant à Soissons –, Édith Canat de Chizy avait évité l’écueil d’une partition sur-dramatisée par rapport au livret de Maryline Desbiolles. Le Centenaire de l’offensive du Chemin des Dames, où périrent près de 29 000 soldats français, à une trentaine de kilomètres de Laon, a inspiré à la romancière un long poème de près de trois cents vers, réduit de moitié par la compositrice, et distribué à la fois au chanteur et récitant Vincent Bouchot et à un chœur féminin lyonnais issu de Spirito, dirigé par Nicole Corti. La quarantaine de musiciens de l’Ensemble orchestral de la Cité dirigé par Adrien Perruchon regroupait à parts égales musiciens enseignants des conservatoires de l’Aisne et membres des Siècles – formation en résidence dans le département de l’Aisne et artistes associés à la Cité de la musique de Soissons. En amont de la création, les Éditions des cendres publiaient opportunément un ouvrage reprenant le texte intégral accompagné de photographies du Chemin des Dames par Jean-Pierre Gilson. Redoutable gageure que d’écrire un siècle après Apollinaire, Aragon, Dabit, Giono et Zinoview qui ont tous vécu de près les épisodes meurtriers de 1914, 1917 et 1918 : la puissance des mots est bien là, mais la construction s’appuyant sur des phrases volontairement sans relief, plates et neutres, sonne faux. Il manque trop souvent les contrastes du photographe : le registre profond du noir et blanc qui porte à la réflexion devient dans la voix, proférée ou chantée, une parole bien lourde. La musique, elle, parvient à créer cette tension grâce à de longues tenues où s’enroule la percussion, tissée dans le souffle de l’accordéon, les cuivres ulcérés et le mouvement des cordes qui respirent à l’unisson. Le baryton Vincent Bouchot trouve la parade en modifiant sa voix, passant du grave à l’extrême aigu, tout en variant le rythme. Avec le chœur de femmes en écho, l’œuvre atteint néanmoins une certaine ampleur mais l’ambiguïté du texte persiste, d’autant plus que la création est précédée de la version orchestrale de l’Adagio de Barber : un prologue néoromantique malvenu avant l’œuvre de Canat de Chizy, même si le chef en atténue au maximum les effluves lacrymales. La fougueuse et militaire Sixième Symphonie de Schubert, interprétée en début de programme, était un bien meilleur choix.  
Franck Mallet

Vendredi 13 octobre, Cathédrale, Laon. (Photo : de gauche à droite : Vincent Bouchot, Édith Canat de Chizy et Adrien Perruchon ; crédit©Michel Debeusscher)

Premier nouveau spectacle de la saison à l’Opéra de Paris-Bastille : Don Carlos de Verdi en V.O. française, mis en scène par Krzysztof Warlikowski. Une V.O. vraiment originale, ou plutôt originelle, la version utilisée n’étant pas celle de la création (1867), mais celle que Verdi avait livrée à l’Opéra de Paris avant les coupures et retouches opérées pendant les répétitions. Les puristes se régalent, les autres ne perdent rien au change. Quintette vocal « introuvable » : Jonas Kaufmann, Sonya Yoncheva, Elina Garanca, Ildar Abdrazakov, Ludovic Tézier. Qui dit mieux depuis le Châtelet 1996 (directeur : Stéphane Lissner), où Roberto Alagna, Karita Mattila, Waltraud Meier, José Van Dam et Thomas Hampson étaient mis en scène par Luc Bondy ? De Warlikowski, on attendait une transposition radicale et d’indéchiffrables symboles. Trop facile : c’est un spectacle austère et dépouillé (vide, disent les déçus, qui l'ont sifflé à la première) qu’il nous offre, une relecture que l’on dirait (presque) littérale, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’en entrant dans cette salle inhospitalière tapissée de bois, où s’affichent brechtiennement les lieux de l’action, c’est dans la tête de Philippe II et de sa famille que l’on entre : en attestent les papillons noirs qui volettent le long des murs, les visages surgis de l’expressionnisme allemand qui envahissent soudain l’espace (vidéo : Denis Guéguin), ou ce buste à fraise amidonnée, tel une tête coupée réapparaissant de scène en scène. Un spectacle facile à reprendre donc avec des distributions variées, à la différence de la plupart des productions Warlikowski ? Non plus, car la direction d’acteurs est justement du pur Warlikowski, précise, éclairante, inattendue, ainsi qu’en témoignent la scène d’amour désespérée de Carlos et Elisabeth à l’acte II, ou l’autodafé du III (comment anéantir une femme comme on anéantit les espoirs d’un peuple). Il en résulte une sorte d’intimité, à l’opposé certes des fastes « grand opéra français » dont l'ouvrage est dépositaire, accentuée par la direction sans emphase de Philippe Jordan. En infant d’Espagne à (gros) problèmes, Jonas Kaufmann épouse ce style avec délices, acteur autant que chanteur, au point de frustrer ceux qui estiment qu’être ténor, c’est d’abord ténoriser. Idem pour Elina Garanca, Eboli souffrante plutôt que louve aux abois. Ildar Abdrazakov (Philippe II), Sonya Yoncheva (Elisabeth), Dmitry Belosselskly (le Grand Inquisiteur) sont à la hauteur, mais plus traditionnels, tandis que Ludovic Tézier fait exploser l’applaudimètre en Posa aux phrasés de velours. Succès mérité pour les chœurs, somptueux. Une seconde distribution, coachée elle aussi par Warlikowski, entre en scène le 31 octobre. 
François Lafon

Opéra National de Paris – Bastille, jusqu’au 11 novembre. Sur Arte et Arte Concerts le 19 octobre à 20h55. En direct le même jour au cinéma. En audio sur France Musique le 29 octobre à 20h (Photo © Agathe Poupeney)
 
Comme chaque automne à l’Amphithéâtre de la Cité de la Musique, concert des lauréats HSBC « confirmés » de l’Académie du festival d’Aix-en-Provence et présentation des élus de l’année (voir ici). Au programme : La Belle Maguelone, seul véritable cycle de lieder de Brahms (1869, il avait trente-six ans), rarement donné, et pour cause : nécessité d’une voix solide et ductile (quinze Lieder parcourant tous les genres, du champêtre au guerrier) soutenue par un piano déjà symphonique, et - préférablement - d’un(e) récitant(e) dévidant le fil de l’intrigue et reliant les Lieder entre eux. Nécessité aussi de faire apparaître le motif dans le tapis (jeu des tonalités, motif récurrent de quartes ascendantes) de ce roman musical inspiré de Ludwig Tieck (L’Histoire d’amour de la belle Maguelone et du comte Pierre de Provence), ainsi que les clins d’œil à l’archaïsme médiéval alla Walter Scott dont l’époque était friande. Le baryton américain John Chest (promotion 2015) et le pianiste brésilien Marcelo Amaral ne manquent pas d’atouts : voix claire, haut placée, excellente diction allemande pour le premier, muscles et virtuosité pour le second, écoute mutuelle digne des meilleurs. Ne leur manque que la science du clair-obscur et des ruptures de ton, occupés qu’ils sont à rendre justice à la dimension épique du cycle, le chanteur semblant par moments oublier qu’il est chargé d’évoquer le comte Pierre, mais aussi Maguelone, un troubadour et Sulima, fille du Sultan. Assise à l’avant-scène, le roman de Tieck à la main, la comédienne Julie Moulier joue les contrepoints, contant l’histoire au micro d’une voix artistement hésitante et savamment décalée. Parmi les six lauréats 2017 de l’Académie, on retiendra le Trio Sora (piano, violon, violoncelle) et le volcanique contre-ténor polonais Jakub Jozef Orlinski, remarqué dans Erismena de Cavalli lors du dernier festival d’Aix (voir ). 
François Lafon

Cité de la Musique, Paris, Amphithéâtre, 12 octobre (Photo : John Chest © DR)
 
Ouverture de la saison à l’Athénée : week-end colombien, dans le double cadre de l’année France-Colombie et du festival Colombie un cartel contemporain. Trois concerts imaginés par Maxime Pascal et Le Balcon, ensemble en résidence et signature musicale du lieu, avec son complice le vidéaste Nieto. Le premier, vendredi, commence doux : trois pièces pour quatuor à cordes utilisant l’électronique - tradition du Balcon -, survolée tout de même par d’étranges battements d’ailes (Danse intérieure de Pedro Garcia-Velasquez), parcourue d’ombres inquiétantes (Murmullos de Leonardo Idrobo), détournant le folklore local (Si algo te debo, con esto te pago - Si je te devais quelque chose, avec ceci je te paie - de Pedro Ojeda Acosta), cette dernière œuvre laissant la partie « classique » du public plus froide que ceux qui sont venus pour … la suite. Car après l’entracte, le ton monte : quatuor à l’avant-scène toujours, mais dialoguant avec le groupe rock underground d’Elbis Alvarez, ex-guitariste des Meridian Brothers et pourfendeur ironique des us et coutumes de son pays. Titre du show : El Gran Parajo de Los Andes (le grand Oiseau des Andes), montré comme un pauvre condor groggy et porté sur la bouteille (inénarrable Pedro Ojeda dans le costume mité de l’ex-roi du ciel andin). Nouvelle séparation des publics : ceux qui comprennent les textes, commentaires et allusions s’amusent bien, les autres sont surtout sensibles à l’énergie des musiciens vêtus de satin rouge sur fond de draperies noires. Samedi, ciné-concert (entre autres) avec, revisité par Nieto, le film culte et anonyme Garras de Oro (1926), premier manifeste anti-impérialiste du cinéma latino-américain. Dimanche, concert en binôme d’Alphonse Cemin (pianiste du Balcon) avec Teresita Gomez, virtuose aussi célèbre en Colombie (« Etre noire, musicienne et femme dans le monde où j’évolue a été complexe ») qu’inconnue ici. On imagine Louis Jouvet contemplant du paradis des acteurs ce théâtre qui fut le sien : « Il y en a où l’on s’embête. Dans celui-là, on n’arrête pas de s’étonner ». 

François Lafon

Week-end colombien, théâtre de l’Athénée-Louis-Jouvet, Paris, 6, 7, 8 octobre (Photo © Andres Gomez Sierra)

vendredi 6 octobre 2017 à 18h25
Composé en 1917, l’année de la Révolution, contemporain de la Symphonie classique, le Concerto pour violon n°1 en ré majeur de Prokofiev n’est créé qu’en 1922 à Paris. Il a entre autres particularités une structure en deux mouvements lents encadrant un mouvement rapide d’un humour agressif et sardonique, et de ne pas privilégier la  virtuosité. L’Orchestre de Paris l’a inscrit à son dernier programme. Il commence et se termine dans la fragilité et le mystère, traits rendus à merveille par le violoniste finlandais Pekka Kuusisto. Ce violoniste - son frère Juukka l’est également, ainsi que chef d’orchestre - a eu la bonne idée de jouer en bis non l’inévitable page de Bach ou d’Ysaÿe, mais une valse tirée de la musique traditionnelle de son pays, tout à fait dans le prolongement des dernières mesures du concerto. Au pupitre, son compatriote Osmo Vänskä.  L’ouverture Helios de Carl Nielsen (1903) est une rareté évoquant le mouvement du soleil dans le ciel du matin en Grèce. Diriger la Symphonie n°2 en mi mineur de Rachmaninov (1908) peut sembler une gageure. Composée pour l’essentiel à Dresde dans une atmosphère d’épanouissement créateur, elle dure plus d’une heure, mais sa  prolixité est largement compensée par son souffle épique. Osmo Vänskä l’a interprétée sans coupures, et il a eu raison, les coupures ayant souvent comme effet paradoxal et pervers non de raccourcir mais de rallonger une œuvre. Et dans les épisodes rapides, l’élan et la robustesse étaient au rendez-vous, ainsi qu’à la fin l’énergie rayonnante. En fin de compte, applaudissements nourris pour la musique et le chef.
Marc Vignal
 
Philharmonie de Paris, 5 octobre (Photo © DR)

 

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