Menaces de grève, fermeture annoncée : le Metropolitan Opera de New York est au bord de la faillite. Responsable désigné, le directeur Peter Gelb, accueilli tel le Messie lors de son arrivée en 2006, rejeté aujourd’hui : 92% de fréquentation en 2007, 79% en 2012-2013, critiques hostiles, public déçu. Trou dans la caisse : trente millions de dollars. Solution selon la direction : une baisse des salaires de 16%. Contre-proposition du personnel : moins de productions, mais meilleures et moins onéreuses. Meilleures ? Question de goût, mais pas seulement : en 2009, rumeurs de fronde quand la Tosca à grand spectacle signée Franco Zeffirelli (1985) est remplacée par une nouvelle production due à Luc Bondy. En 2012, levée de boucliers devant La Tétralogie high-tech de Robert Lepage. Deux spectacles contestables (il y en aura d’autres) apportant de l’eau au moulin des traditionnalistes. Car c’est de cela qu’il s’agit. Riche, âgé et élitiste, le public du Met veut du luxe et des stars. Différence avec celui, non moins riche, non moins âgé, non moins élitiste mais soucieux de (relative) modernité qui donne le "la"dans les salles européennes. Autre différence avec l’Europe : ce sont des donateurs privés qui financent (ou non) l’entreprise, et pas l’état. En 2007, Gerard Mortier, grand prêtre de l’opéra revisité à l’européenne, accepte le poste de directeur du New York City Opera, seconde scène lyrique new-yorkaise. Il démissionne avant même de prendre ses fonctions. Raison officielle : il n’a pas obtenu le budget dont il avait besoin. Raison officieuse : Peter Gelb, nommé au Met un an plus tôt, occupe le même créneau réformiste. A la rentrée 2013, le New York City Opera a mis la clé sous la porte. A bon entendeur…
François Lafon
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Parmi les nombreuses tâches que doit remplir Bach en tant que cantor à Saint-Thomas de Leipzig, il a celle d’assurer la musique des services funèbres. Les musiciens et lui-même doivent être sur place un quart d’heure à l’avance, et c’est lui qui doit choisir les chants et motets entendus durant la cérémonie. En général, il puise dans le recueil de motets imprimé « Florilegium portense ». Si au contraire on désire des textes tirés entièrement ou en partie de l’Ecriture, Bach doit, sur commande de la famille et des proches, composer et faire étudier un nouveau motet : terme désignant à l‘époque un morceau polyphonique de caractère religieux, alors qu’au Moyen-Age, le motet relevait du répertoire profane. Des six motets de Bach ayant survécu, tous en langue allemande, cinq semblent avoir été destiné à de telles circonstances, le premier d’entre eux, Singt dem Herrn ein neues Lied (Chantez au Seigneur un chant nouveau) pour double chœur, étant peut-être une musique de nouvel an. La Maîtrise Notre-Dame-de-Paris et la Maîtrise de Radio France avaient à remplir le vaste espace de la cathédrale, et peu à peu cela s’est produit, l’oreille s’y est faite. En particulier à la fin, avec le jubilatoire Lobet den Herrn, alle Heiden (Louez le Seigneur, toutes les nations), d’authenticité parfois discutée. Fascinant était de constater la façon différente qu’avaient de diriger Lionel Sow (sobriété, peu de gestes) et Sofi Jeannin (enthousiasme, engagement). Le bref et subtil Immortal Bach du Norvégien Knut Nystedt, né en 1915, concluait dans l’émotion ce beau concert.
Marc Vignal
Notre-Dame-de-Paris, 1er juillet 2014 Photo © DR