Mardi 19 mars 2024
Concerts & dépendances
samedi 20 février 2016 à 13h50

Né en 1958, Magnus Lindberg est un compositeur finlandais de renommée internationale et à la discographie abondante. Il considère l’orchestre comme « un instrument ingénieux. On peut aller dans différentes directions en enlevant ou en ajoutant quelque chose, mais on n’a pas besoin de le remanier radicalement. » La virtuosité et l’écriture pour soliste étant une des marques de son style orchestral, il est naturel qu’il ait écrit plusieurs concertos, tous destinés à un soliste précis de ses connaissances : un pour piano, un pour violoncelle, un pour clarinette et deux pour violon (2006 et 2015), sans oublier un concerto pour orchestre. Le premier pour violon fait appel à un orchestre mozartien de 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors et cordes, mais « c’est son seul lien avec Mozart ». Le second, créé à Londres le 9 décembre 2015, vient d’être donné à Paris par son destinataire Frank Peter Zimmermann et le Philharmonique de Radio France, avec à sa tête Alan Gilbert. Le violon, précise le compositeur, « perce » plus aisément que le violoncelle, et l’on a ici un orchestre avec « pas mal de chair autour des accords », non sans une « fluidité » sonore permettant de constants échanges entre soliste et orchestre. Lindberg se déclare moins « effrayé » par l’instrument qu’en 2006, avec comme résultat une partie de violon « brillante mais jouable », moins de « traits violonistiques » et davantage d’insistance sur l’harmonie et les questions de hauteur. Beau succès pour l’œuvre et pour Frank Peter Zimmermann, ainsi que pour les pages de Schumann dirigées avec brio avant et après le concerto, l’ouverture de Manfred et la Symphonie n°1 « du Printemps ».

Marc Vignal

Philharmonie de Paris, 19 février Photo © DR

dimanche 14 février 2016 à 21h39

Quatorzième et dernier concert d’Oggi Italia, vingt-sixième édition du festival Présences de Radio France : six Madrigaux de Carlo Gesualdo et Professor Bad Trip – Lesson 1, Lesson II, Lesson III – de Fausto Romitelli. Studio 104 (ex-auditorium Olivier Messiaen) presque plein, remerciements des organisateurs - à commencer par Jean-Pierre Derrien, voix de la contemporaine sur France Musique et mis à la retraite sur ce dernier coup d’éclat. Sur scène : Maxime Pascal et Le Balcon, ensemble instrumental flirtant avec l’informatique musicale en résidence au théâtre de l’Athénée (réouverture à la rentrée prochaine), aussi à l’aise avec Richard Strauss (voir ici) qu’avec Peter Eötvös (voir ici). C’est dire que leur Gesualdo est plus prospectivement qu’historiquement informé, donné comme l’initiateur d’un chromatisme fiévreux qui inspirera Stravinsky et bien d’autres. On aurait rêvé d’entendre ses madrigaux, sensiblement chantés par Léa Trommenschlager, en alternance avec les trois Lessons de ce Professeur Bad Trip (1998-2000), clone d’Henri Michaux écrivant sous mescaline, déroulant presque trois quarts d’heure durant un voyage de flash et de cauchemar. A moins que ces deux univers, une fois mêlés, ne se soient au fond repoussés au lieu de s’éclairer l’un l’autre. Une invitation quand même à retrouver Romitelli, pionnier de l’Ircam prématurément disparu.

François Lafon

Maison de Radio France, Studio 104, Paris, le 14 février Photo : Léa Trommenschlager © Isabelle Retall

samedi 6 février 2016 à 00h08

Au Châtelet, suite (et pas fin : Passion de Stephen Sondheim est annoncé pour mars) du Broadway dream maison avec Kiss me, Kate de Cole Porter, guère connu par les amateurs français du genre que par le film de George Sidney (1953). Du théâtre dans le théâtre, et pas n’importe lequel, le titre n’étant autre que la dernière réplique de La Mégère apprivoisée de Shakespeare. Le couple vedette, divorcé depuis un an, retrouvera l’amour, tels les héros Petruchio et Katharine, lors du happy end obligé. Même équipe que les Sondheim (Sweeney Todd, Into the Woods) - le Britannique Lee Blakeley à la mise en scène, l’Américain David Charles Abell au pupitre – le premier toujours inventif mais assez conventionnel pour donner l’illusion d’une lecture de première main aux Parisiens découvrant enfin ce répertoire en vrai, le second dirigeant une version reconstituée d’après les sources, richement orchestrée (comme jamais à Broadway) pour l’Orchestre de Chambre de Paris. Salle presque pleine (titre pas assez porteur, manque de têtes d’affiche ?), public bon enfant sensible à l’énergie apparemment inépuisable dispensée par la troupe, avec en tête deux voix d’opéra : David Pittsinger et l’excellente Christine Buffle (le double rôle de la Mégère avait, en vue de la création en 1948, été refusé par les divas Lily Pons, Jeannette Mac Donald et Jarmila Novotna). Inutile donc de plaider davantage en faveur de ce genre mineur mais servi en majeur, sinon pour anticiper la frustration que ne manquera pas d’entraîner le tournant moins élitiste (???) voulu pour le Châtelet par la Mairie de Paris, lors de sa réouverture après travaux et avec une nouvelle équipe directoriale.

François Lafon

Châtelet, Paris, jusqu’au 12 février Photo © Théâtre du Chätelet/Marie-Noëlle Robert

lundi 1 février 2016 à 00h16

Ovation pour le nouveau Trouvère (Verdi) à l’Opéra Bastille. Ou plutôt pour les voix du Trouvère, la mise en scène venue d’Amsterdam, signée des pourtant talentueux Alex Ollé et Valentina Carrasco (du collectif La Fura Dels Baus) étant inexistante, et la direction de l’habituellement professionnel Daniele Callegari, brouillonne et agitée. Quatre voix donc (cinq si l’on compte l’excellente jeune basse Roberto Tagliavini en Ferrando) suffisantes pour animer ce curieux chef-d’œuvre, affligé d’un livret impossible mais qui a inspiré à Verdi un théâtre sonore inégalé. Oubliés la transposition de l’histoire pendant la Grande Guerre (on a au moins échappé à la Guerre d’Espagne, eu égard aux origines ibériques du livret) et l’absence de direction d’acteurs, oublié le fait qu’abandonnés sur ce plateau géant, Anna Netrebko, Ekaterina Semenchuk, Marcelo Alvarez et Ludovic Tézier sacrifient le sens au son, le théâtre à… A quoi au juste ? A une ivresse quasi abstraite, la palme étant remportée à l’applaudimètre par Tézier au timbre plus violoncelle que jamais, suivi de près par la star Netrebko, royale dans le "Miserere" après une première mi-temps où elle cherchait la justesse et courait après une assise rythmique refusée par le chef. « Au moins ça chante », entend-on à l’entracte. Et qu’on le veuille ou non, c’est ça aussi l’opéra.

François Lafon

Opéra National de Paris – Bastille jusqu’au 15 mars (Double distribution à partir de mi-février). En direct au cinéma et sur Radio Classique le 11 février et sur Mezzo le 18 février. Photo © Mwangi Hutter/Adagio - Opéra de Paris

 

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