Mardi 19 mars 2024
Concerts & dépendances

Pas annoncé dans la brochure de la saison 15/16, contrairement au précédent spectacle de l’Académie de l’Opéra national de Paris (« Ensemble d’opéras de Mozart » le 9 avril dernier), le « Workshop Kurt Weill » qui s’est déroulé le 30 juin dernier à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille semble bien avoir été ajouté à la dernière minute, comme celui qui réunissait plusieurs solistes dans des lieder de Strauss un mois plus tôt (30 mai), au même endroit… Qu’importe, car entre les parents des différents jeunes artistes présents, les habitués de la Bastille et les curieux, y compris le metteur en scène Robert Carsen venu en simple spectateur, l’amphi était quasiment comble. Sur une scénographie et une dramaturgie qui fleurait bon un spectacle de fin d’année de terminale – une audition pour chanter du Weill… – signée Mirabelle et Philippine Ordinaire et Joël Huthwohl, ce ne sont pas moins de 12 solistes, 3 pianistes (dont l’un, Benjamin Laurent, avait été sollicité pour plusieurs réductions et arrangements bien tournés) et un sextuor à cordes qui se retrouvaient pour célébrer Weill. Passé de l’expressionisme de l’Allemagne de Weimar à la comédie musicale américaine de Broadway, avec un détour par le réalisme poétique de la France des années trente, il fut au XXe siècle l’auteur d’une œuvre protéiforme, dont les mélodies enjouées touchent encore et toujours un large public. D’ailleurs, plusieurs de ses ouvrages pour petit ensemble et / ou chœur d’enfants ont naturellement trouvé le chemin de l’amphithéâtre depuis l’ouverture de la Bastille. En langue originale, c’est-à-dire en allemand, anglais ou français, plus d’une vingtaine de ses airs fut distribuée à de jeunes chanteurs en devenir – quitte à ce que certains se révèlent meilleurs comédiens, ou que d’autres captent d’emblée le style de la mélodie, indépendamment du fait que leur voix va à l’avenir évoluer et se transformer. Au sein d’un plateau plutôt encourageant, on remarquait ce soir-là le timbre bien charpenté de la mezzo Emanuela Pascu, entrée à l’Académie en septembre 2015 (Nanna’s Lied), le soprano idoine d’Élisabeth Moussous dans l'éloquent air de Butterfly, Un bel di vedreno – c’est elle qui chantait Annina, dans La Traviata, à la Bastille, en mai, et qu’on retrouvait au final, entraînant tous ses camarades dans Youkali. Timbre plus léger et articulation parfaite dans La complainte de la Seine et le Duo de la jalousie pour Pauline Texier, qui fut également Kätchen dans Werther, en début d’année. Mais il faudrait plébisciter tout autant les sopranes Gemma Ni Bhriain, Ruzan Mantashyan et Adriana Gonzalez, sans oublier le baryton basse Mikhail Timoshenko, ainsi que les instrumentistes ! – qu’on retrouvera à coup sûr la saison prochaine.

Franck Mallet

Paris, Amphithéâtre de l’Opéra Bastille 30 juin Photo : Emanuela Pascu © Julien Mignot

lundi 4 juillet 2016 à 00h13

Au Festival de Versailles, dernier concert de la série Les Voix royales : "Versailles - Barcelone, chefs-d’œuvre sacrés de l’Espagne de Philippe V," par Jordi Savall, la Capella Reial de Catalunya et Le Concert des Nations. Deux messes, signées Henry Desmarest (Messe à deux choeurs et deux orchestres – 1707) et Francesc Valls (Missa Scala Aretina – 1702), lesquels ont dû se croiser à Barcelone, où le Français, chassé de son pays natal pour une affaire de mœurs, était au service du roi d’Espagne Philippe V, petit-fils de Louis XIV. Moins de points communs qu’on l’imaginerait pourtant entre la pompe marquée « Roi Soleil au crépuscule » de l’un, et l’audace (jusqu’à la dissonance, contestée à l’époque) de l’autre. Dans le cadre adéquat de la Chapelle royale, Savall et ses troupes (de luxe, avec le harpiste Andrew Lawrence-King, Manfredo Kraemer et Philippe Pierlot, violon et taille de violon) offrent à Desmarest l’opulence qu’il réclame, mais c’est tout feu tout flamme et avec un enthousiasme communicatif qu’ils fêtent le grand Catalan déjà européen de style et d’influences. Un enregistrement est à venir, à comparer, pour la Missa Scala Arentina, avec celui, historique, de Gustav Leonhardt.

François Lafon

Festival de Versailles, Chapelle royale, 3 juillet Photo © DR

 

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