Au Théâtre de Caen, Vénus et Adonis de John Blow, premier opéra anglais (vers 1683). Chœur et orchestre locaux (Les Musiciens du Paradis), Maîtrise de Caen dirigés par l’excellent claveciniste Bertrand Cuiller, mise en scène archéologique de Louise Moaty. Un spectacle phare pour le plus baroqueux des centres régionaux : tournée nationale, dont l’Opéra Comique de Paris. Une gageure aussi : intrigue minimale (Vénus aime Adonis, lequel est tué par un sanglier), micro-numéros musicaux, dont Purcell s’inspirera pour Didon et Enée, le génie dramatique en plus. Comme l’ouvrage dure à peine une heure, il est précédé de l’Ode à sainte Cécile du même Blow, où sont énumérées les vertus de la musique. Le spectacle est raffiné : éclairage à la bougie, danseurs en pourpoint, colombes et chiens de race, « mise en rapport de la nature et de la connaissance, du précieux et de la nudité, du noir et de la couleur, de l’homme et du végétal » (Louise Moaty). Mais aux questions : A quoi cela sert-il ? Que nous raconte-t-on ?, pas de réponses. Même flou musical : hormis Céline Scheen (Vénus) et Marc Mauillon (Adonis), l’ensemble évoque un travail d’atelier, largement perfectible. Nous n’en sommes pas tout à fait au moment de douceur dans un monde de brutes dont notre époque a besoin.
François Lafon
Caen, jusqu’au 13 octobre. Tournée jusqu’au 20 janvier 2013 à Lille, Luxembourg, Paris, Grenoble, Angers et Nantes.