Rythme : Retour périodique des temps forts et des temps faibles, disposition régulière des sons musicaux (du point de vue de l’intensité et de la durée) qui donne au morceau sa vitesse, son allure caractéristique (Petit Robert). Au théâtre de l’Athénée, le Studio Théâtre d’Alfortville reprend en alternance La Mouette et Oncle Vania de Tchékhov, mis en scène par Christian Benedetti. Pas de décors, vêtements de tous les jours, salle éclairée pendant tout le spectacle. Les deux pièces durent respectivement 1h45 et 1h20, c'est-à-dire une heure de moins que d’habitude, sans que les textes soient notoirement coupés. Les acteurs parlent vite, ils sont sans cesse en mouvement, mais l’action se fige, périodiquement, en d’assez longs silences. Plus rien à voir avec la nostalgie russe, la langueur tchékhovienne. « Les conditions de frustration et d’ennui, au lieu de dévitaliser les gens, leur donne envie de dramatiser la moindre chose, et cela crée une immense vitalité », écrivait Peter Brook lorsqu’il travaillait sur La Cerisaie. Une question de rythme, donc, qui donne à ces classiques un sens, une couleur, une saveur nouveaux, que l’on pourrait dire « de notre temps » si l’expression n’était si vague et galvaudée. Un rythme serré et même sophistiqué, comme dans certaines musiques « de notre temps ». On rit pour ne pas pleurer, on court pour ne pas tomber. Très russe, en fin de compte.
François Lafon
Théâtre de l’Athénée, Paris, en alternance jusqu’au 13 octobre. Théâtre du Beauvaisis (Beauvais) du 24 au 27 octobre. Théâtre Studio d’Alfortville du 12 novembre au 1er décembre.