A l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille, salle pleine, malgré la neige, pour Street Scene de Kurt Weill par l’Atelier Lyrique de l’Opéra. Avec My Fair Lady au Châtelet, c’est Broadway sur Seine. Les moyens ne sont pas les mêmes, les dialogues ont été élagués, il n’y a qu’un piano (formidable, le pianiste : il s’appelle Alphonse Cemin) pour donner leur rythme à deux heures de musique, mais comme les jeunes chanteurs sont déchaînés, comme le spectacle est d’autant plus touchant qu’il est simple, on y rêve tout autant. Cette histoire d’un taudis de Brooklyn et de ses habitants en période de canicule n’est pourtant pas rose. Weill, en devenant américain, a troqué les brulots de Brecht contre des livrets plus soft, sa musique s’est broadwaytisée, mais il n’est pas complètement entré dans le moule. Il grince encore, il dérange, il invente le musical intellectuel dont s’inspireront Bernstein et Sondheim. Le spectacle se donne encore aujourd’hui 19, mardi 20 et mercredi 21. Si vous êtes Toulonnais, ne manquez pas la reprise, les 29 et 31, du même Street Scene dans la mise en scène d’Olivier Bénézech, déjà donné en février dernier. C’était la création en France. Il était temps de s’y mettre !
François Lafon
Songs from Street Scene. Mise en scène : Irène Bonnaud, par l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris. Les 19, 21, 22 décembre, 20h, Opéra Bastille, Amphithéâtre
Street Scène. Mise en scène : Olivier Bénézech, Opéra de Toulon, les 29 et 31 décembre
Street Scene. Josephine Barstow, Samuel Ramey, Barbara Bonney, Scottish Opera Orchestra, John Mauceri (dir). 2CD Decca (1991)
Photo Mirco Magliocca/Opéra national de Paris