Au Théâtre des Champs-Elysées, Vadim Repin (violon) et Boris Berezovsky (piano) jouent Debussy, Chostakovitch, Stravinsky et Strauss (Richard). Programme pour happy few, mais public nombreux et extraordinairement attentif. Aucun spectacle pourtant, pas de lutte à mort entre les deux virtuoses, une entente parfaite au contraire, et une sorte de modestie commune : pas besoin de surjouer pour faire apparaître l’énergie du désespoir de la 3ème Sonate d’un Debussy aux portes de la mort, ni d’accentuer le clin d’œil de Stravinsky à Tchaikovski dans le Divertimento tiré du ballet Le Baiser de la fée. Pas la peine non plus de crooner dans la très lyrique Sonate de Strauss, pièce de jeunesse contenant déjà l’orchestre de Don Juan et les voix du Chevalier à la rose. Repin dispense le plus beau son de violon depuis David Oistrakh, Berezovsky met ses immenses moyens au service d’œuvres qui exigent beaucoup du piano sans être toujours payantes : rien que de normal. Deux sourires pourtant, quand le public ne sait s’il est temps d’applaudir après les Préludes op. 34 de Chostakovitch, et quand Repin annonce en bis l'ébouriffant Tambourin chinois de Fritz Kreisler, qu’il joue comme si de rien n'était.
François Lafon
Théâtre des Champs-Elysées, Paris, 22 novembre Photo : Vadim Repin et Boris Berezovsky © DR