Danse dans la nef de l’église St Eustache, sous le grand orgue Van den Euvel, avec Annonciation d’Angelin Preljocaj, dans le cadre de Paris Quartier d’Eté. C’est le spectacle le plus court de l’année (20 minutes), donné quatre fois en deux jours. Créée en 1995, entrée au répertoire de l’Opéra de Paris l’année suivante, filmée en 2002 avec un soin particulier, la pièce est une des plus connues de Preljocaj. C’est un pas de deux entre une petite blonde (la Vierge) et une grande brune (l’Ange), une merveille toute simple mais très pensée : « Ce que l’on appelle aujourd’hui l’art conceptuel ne serait-il pas, plutôt qu’un art abouti, l’annonce d’un art nouveau ? » se demande le chorégraphe. La musique, pensée elle aussi, n’est pas moins simple, et efficace : prémonition sur des rires enfantins, illumination sur le Magnificat de Vivaldi (dirigé par Michel Corboz), dialogue avec l’Ange sur des sons électroniques de Stéphane Roy (Crystal Music). L’église est comble, le public ravi. Preljocaj n’est jamais aussi bon que dans les petites formes. Celle-ci, en tout cas, est déjà un classique. Jusqu’au 24, dans la cour des Invalides : Empty Moves I & II. Dans Annonciation, Angelin joue à l’Ange. Dans Empty Move, Preljocaj salue John Cage. Très pensé, tout cela.
François Lafon
Photo © Jean-Claude Carbonne