Au Châtelet, Pop’pea, opéra video-pop d’après Le Couronnement de Poppée de Monteverdi. Troisième des sept représentations programmées, salle pas tout à fait pleine : les rockeux se méfient, les baroqueux aussi. Le pari était risqué : appliquer les canons de l’opéra rock à un chef-d’œuvre shakespearien, prototype d’un théâtre musical que l’opéra mettra trois siècles à retrouver. Et cela marche : dramaturgie ingénieuse (Ian Burton), réalisation scénique inventive (Giorgio Barberio Corsetti et Pierrick Sorin, à qui l’on doit sur la même scène une Pietra del Paragone de Rossini tout en effets spéciaux et incrustations vidéo), tenues high-tech (Nicola Formichetti, costumier de Lady Gaga). Résultat musical acrobatique : mariage habile du rock, de l’électro et de Monteverdi - dont les rythmes et mélodies hantent l’ensemble -, distribution panachée, avec chanteurs rock (Carl Barât, Néron tueur cool et fou), diva dévoyée (Valérie Gabail, Poppée façon Madonna), star inattendue (Benjamin Biolay en cocu magnifique). Tout cela à la fois kitsch et chic. Les rockeux ne sont pas volés, les baroqueux non plus : pour une fois que musique et représentation scénique vont dans le même sens…
François Lafon
Châtelet, Paris, 29, 30, 31 mai, 2, 3, 5, 7 juin Photo © Marie-Noëlle Robert - Théâtre du Châtelet