Deux soirs de suite à la salle Pleyel. Mercredi 25, Leif Ove Andsnes, Paavo Järvi et l’Orchestre de Paris dans le 2ème Concerto pour piano de Brahms. Concert unique, presque un gala, retransmis en direct sur Radio Classique et filmé par Mezzo. Déception : piano très maîtrisé mais sec et dur, orchestre en vrac, musique vidée de sens. Pas de souffle ni de poésie, on n’entend que les clichés. Seulement cela, le monument dont tant de grands ont su faire quelque chose ? Jeudi 26, tournée de l’Orchestre Philarmonique du Luxembourg, avec son directeur musical Emmanuel Krivine. Salle un peu moins pleine. En hors-d’œuvre : Uncut, le dernier des sept Solos de Pascal Dusapin, une grande pièce avec cuivres en fanfare. « C’est devenu une ouverture toute trouvée, à laquelle chacun donne un sens différent, s’amuse le compositeur à l’entracte. Krivine le dirige comme une pièce classique, pleine de références ». Une toccata de Monteverdi version 2011, en somme. Vient le Concerto pour violon de Dvorak. Julia Fischer et Krivine dialoguent merveilleusement, chaque trait porte, chaque réplique d’orchestre trouve son sens. La pièce mineure en dit beaucoup plus que le monument brahmsien. En seconde partie, un Petrouchka (Stravinsky) à faire danser les pierres. On retrouve le grand Krivine, loin de ses pas de clerc baroquisants avec La Chambre Philharmonique. Le vrai gala n’est pas celui que l’on croyait.
François Lafon