A l’Amphithéâtre Bastille, L’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris donne La Resurrezione, premier oratorio de Haendel (1708), mis en scène par un(e) disciple de Peter Brook, Lilo Baur. Espace brookien : du sable, des roseaux, pas d’accessoires ou presque, des costumes intemporels. Salle comble, au-delà de la jauge : une dame apostrophe le chef Paul Agnew, reprochant à l’orchestre d’occuper une partie des gradins. L’œuvre est recueillie : style vocal orné, mais pas de fugue monumentale, ni de grand choeur façon Messie. A Rome, le jeune Haendel imite les anciens pour raconter la deuxième nuit après la Crucifixion. Agnew-chef mène ses troupes - à commencer par les étudiants de la classe de musique ancienne du Conservatoire - avec l’élégance et la précision que l’on reconnaît à Agnew-ténor, et les stagiaires de l’Atelier, toutes promotions confondues, se livrent à un travail de haute école : pyrotechnie vocale et maîtrise de cet « espace vide » (concept brookien par excellence) où le public est à portée de main. Et même s’il s’agit-là de Brook sans Brook dans un lieu qui n’a pas la magie des Bouffes du Nord, le côté En attendant Godot de l’œuvre apparaît comme il ne le fera jamais en version de concert.
François Lafon
Amphithéâtre Bastille, 30 avril, 2, 4 et 6 mai Photo © DR