Au théâtre de l’Athénée, L’Histoire du soldat de Stravinsky et Charles-Ferdinand Ramuz, dans une mise en scène de Jean-Christophe Saïs. Un faux cadeau que cette fable faussement naïve – musique de foire et morale biaisée – où l’on voit un pauvre soldat vendre son âme au Diable. Sans insister sur l’aspect théâtre de tréteaux de ce chef-d’œuvre des temps de disette (écrit pendant la Grande Guerre, créé à Lausanne en 1918), Saïs tourne le problème en suivant Stravinsky à la lettre (« J’ai toujours eu horreur d’écouter la musique les yeux fermés ») et se rappelle que l’âme du soldat est un petit violon : dans son spectacle, le Diable est chef d’orchestre (Laurent Cuniot) et les instrumentistes mènent la danse. Tout est étrange et tout est évident : Soldat funambule, Princesse danseuse et Narrateur Monsieur Loyal, pluie d’or, livre qui vole et violon escamoté. Les musiciens (Ensemble TM+) sont impeccables, les acteurs virtuoses. Produit par l’Arcal - qui depuis trente ans emmène l’art lyrique là où on ne l’attend pas -, créé l’année dernière à Reims, le spectacle poursuit sa tournée. Les enfants s’amusent, les parents ont froid dans le dos. Du bonheur pour tout le monde, en somme.
François Lafon
Théâtre de l’Athénée, Paris, jusqu’au 22 juin. Photo © Enrico Bartolucci