Le Huron, sur un livret de Marmontel d’après L’Ingénu de Voltaire, est le premier opéra-comique parisien de Grétry, créé en 1768. Venu du Canada et débarqué sur les côtes bretonnes, ce Huron se révèle être le neveu de notabilités du lieu. Né libre, il se trouve confronté à ce qui est en place, à ce qu’on attend de lui. Les violentes attaques de l’original de Voltaire contre la société et l’Eglise ont été gommées, mais subsistent des traces du mythe de bon sauvage. La conduite héroïque du « Huron » devenu Français contre les Anglais lui vaudra finalement la main de la belle Mlle de Saint-Yves, auparavant promise à un autre. Ressusciter cette œuvre mêlant le chanté au parlé n’est pas facile, des choses très sérieuses étant évoquées avec légèreté. Pour ces représentations, l’action a été transposée en 1968, exactement deux siècles plus tard, heureusement sans forcer le trait, sans tomber dans la satire. L’orchestre (sur scène) a été réduit à sept instrumentistes, remarquables de discipline et de précision. « Le compositeur s’est élevé sans conteste au premier rang », écrivit Melchior Grimm, célèbre critique musical de l'époque, à propos du Huron et du genre opéra-comique en général. A l’issue du spectacle de La Compagnie de Quat’Sous et du Concert Latin, mené avec vaillance par sept chanteurs-acteurs, on était tenté de partager ce point de vue, malgré une connaissance regrettablement limitée de ce type de répertoire.
Marc Vignal
Mise en scène : Henri Dalem Direction Musicale : Julien Dubruque
1er, 2 et 3 novembre : Théâtre Adyar, Paris ; 6 novembre : Théâtre J. Brel, Champs-sur-Marne