Aux Bouffes du Nord, Le Saphir, opéra comique en trois actes de Félicien David, final du 2ème festival parisien du Palazzetto Bru Zane, centre de musique romantique française établi à Venise. L’oeuvre la plus oubliée de celui à qui Berlioz disait : « Ce que vous avez fait est très grand, très neuf, très noble et très beau », mais qu’on ne connaissait plus que pour avoir mis à la mode l’orientalisme musical (Le Désert, 1844). Un ouvrage maudit que ce Saphir, tiré de la comédie peu connue de Shakespeare Tout est bien qui finit bien (cela ne s’invente pas) : grave maladie du compositeur pendant qu’il y travaillait, incendie sur scène le jour de la première, critique acerbe (« Il n’aurait pas dû descendre de son chameau »). Contre toute attente, un temps fort de l’entreprise de réhabilitation de David le disparu entreprise par le Palazzetto, après Le Désert et Herculanum ce printemps et avant Christophe Colomb cet été. Présentée comme un ouvrage de salon, avec neuf excellents instrumentistes venus du Cercle de l’Harmonie (parce qu’en plus, la partition d’orchestre a été perdue) accompagnant un sextuor vocal de luxe (Cyrille Dubois et Gabrielle Philiponet en tête), cette proto-opérette pleine de mélodies pimpantes et d’ensembles pétaradants confirmera les thuriféraires de David dans l’idée que « qui peut le plus peut le moins », et les autres dans celle qu’il aurait dû cultiver davantage ce genre de répertoire.
François Lafon
Bouffes du Nord, Paris, 19 juin Photo © Palazzetto Bru Zane - Michele Corsera