A l’Opéra Bastille, Faust de Gounod dans une « nouvelle mise en scène » signée Jean-Romain Vesperini, remplaçant la reprise annoncée du spectacle contestable et contesté de Jean-Louis Martinoty (voir ici), dont Vesperini était l’assistant. Nouvelle mise en scène en effet, en ce qu’au trop plein d’idées et de références initial succède une mise en place sommaire, une vague transposition de l’intrigue dans les années 1930 (allusions, si l’on cherche bien, à René Clair et Marcel Carné), le tout écrasé par la gigantesque bibliothèque-galerie qui servait de décor au spectacle initial, posée là comme un remords encombrant. Pourquoi ne pas avoir élagué l’original (refus de Martinoty?), comme cela se fait couramment, en conservant les bonnes idées - il y en avait - et en supprimant les mauvaises ? Distribution de luxe, dominée par Piotr Beczala, Faust stylé, Ildar Abdrazakov, Méphisto dans la tradition slave, et Krassimira Stoyanova, Marguerite au look improbable mais à la voix de miel. Direction lente, pas toujours précise mais habitée du spécialiste Michel Plasson, déjà au pupitre en 1975 du Faust « de » Jorge Lavelli, lequel a tenu, lui, l’affiche au Palais Garnier puis à l’Opéra Bastille trente-six ans durant, et qui aurait très bien pu jouer les prolongations.
François Lafon
Opéra de Paris Bastille, jusqu’au 28 mars Photo : Krassimira Stoyanova et Piotr Beczala avant une répétition © DR