Jörg Widmann (une création française), Dvorak, Beethoven : à Pleyel, un programme sur mesure pour Christoph von Dohnanyi, avec l’Orchestre de Paris. Sauf que de Dvorak, il s’agit du rare et pas fameux Concerto pour piano, défendu (c’est le mot) par le jeune Martin Helmchen, de Widmann l’ouverture de concert Con brio, où les timbales en folie (bravo le timbalier) illustrent le rythme selon Beethoven, et de Beethoven en personne, la Symphonie « Héroïque ». C’est là que le vieux chef (quatre-vingt-un ans) va faire d’un concert de série un moment d’anthologie. Son « Héroïque » n’a pas bougé depuis son enregistrement avec l’Orchestre de Cleveland en 1983 (Telarc), et si elle nous paraît étonnamment ample, c’est parce que les baroqueux sont passés par là, et que nos oreilles ont changé. Ce qui ne vieillit pas, en revanche, c’est la liberté avec laquelle Dohnanyi dirige cette musique. Plus de bâti : l’édifice tient tout seul. Pour cette « première symphonie romantique », dont le dernier mouvement fait exploser les formes traditionnelles, cette (fausse) improvisation est en situation : l’imagination est au pouvoir et l’Esprit de la révolution souffle. Et dire que Dohnanyi, dans le cercle fermé des baguettes internationales, est encore considéré comme un second couteau !
François Lafon
Paris, Salle Pleyel 29 et 30 septembre