Le Prince Charmant : Ma Lucette !
Cendrillon : Ô mon Prince Charmant !
Dans le « conte de fées (d’après Perrault) par Henri Cain, musique de Jules Massenet » que reprend l’Opéra Comique cent-deux ans après sa création in loco, Cendrillon s’appelle Lucette, comme la divette d’Un Fil à la patte de Feydeau (1894). Ce n’est pas que cet ouvrage soit un vaudeville qui s’ignore : l’auteur de Manon et de Werther y est sérieux comme un pape. Le metteur en scène Benjamin Lazar, connu pour ses reconstitutions baroques éclairées à la chandelle, tente de donner à tout cela une certaine dimension parodique en célébrant la Fée électricité, Marc Minkowski, dans la fosse, cherche à muscler ce « festival d’émotions et de sensations renouvelées » (dit-il), rien n’y fait : Cendrillon est un de ces nombreux opéras-dinosaures que l’on tente périodiquement de ranimer, en les traitant avec les égards dus aux causes perdues. Joue-t-on encore le théâtre de Porto-Riche (1849-1930), lit-on les romans de Paul Bourget (1852-1935) ? Comme les voix sont belles, comme le public est sage et a même l’air heureux, on se fait une raison. Pour la première, le 24 mai 1899, le président Emile Loubet s’était déplacé. Hier, François Fillon, premier ministre, était là. Troisième République pas morte?
François Lafon
Opéra Comique, Paris, les 7, 9, 11, 13, 15 mars
Photo : Elisabeth Carecchio