A Pleyel avec l’Orchestre de Paris, les sœurs Labèque jouent un de leurs tubes : le Concerto pour deux pianos de Poulenc. Public de fans, énergie intacte des duettistes de charme (Katia en rouge, Marielle en noir) dans cette œuvre faussement pagaille, où l’auteur de Dialogues des Carmélites envoie des clins d’œil à Stravinsky et Ravel (le Concerto en sol) tout en tirant son chapeau à Mozart. En bis, la version à deux pianos de « When you’re a Jet » de Leonard Bernstein (West Side Story) achève de mettre la salle en joie. Effet Labèque garanti, rien de nouveau. Le nouveau, c’est Andris Poga, trente-trois ans, chef assistant au Symphonique de Boston et à l’Orchestre de Paris, remplaçant Georges Prêtre initialement prévu. Air jovial et geste rond, ce premier prix du Concours Evgeni Svetlanov est un « bras », comme on dit en jargon de métier. La suite d’orchestre tirée du ballet Les Animaux modèles (du petit Poulenc, créé en 1942 au Palais Garnier) passe comme l’éclair, le Concerto file droit. Après l’entracte, la 5ème Symphonie de Tchaikovski est plus éruptive que métaphysique : une fête pour l’orchestre, qui lui déroule le tapis rouge en jouant comme avec les plus grands. Un adoubement, en quelque sorte.
François Lafon
Salle Pleyel, Paris, 25 et 26 septembre. Sur Arte Live Web, orchestredeparis.com et citedelamusique.tv jusqu’au 25 mars 2014 Photo © DR