Bronca pour Akhamatova, l’opéra de Bruno Mantovani donné en première mondiale à l’Opéra Bastille. Renaud Machart, dans Le Monde, s’en prend à l’équipe : musique du directeur du Conservatoire, mise en scène de celui de l’Opéra (Nicolas Joel), livret du dramaturge maison (Christophe Ghristi), interprétation de l’épouse de ce dernier (Janina Baechle). Un spectacle institutionnel, en somme, bien dirigé (Pascal Rophé), bien éclairé, bien chanté. Dans cette optique, le sujet n’est pas anodin : résistance et compromission, disgrâce publique et drame privé de la grande poétesse russe Anna Akhmatova (1886- 1966) sous le régime stalinien. Une forme d’exorcisme ? Le résultat est sans pitié : rien de vivant, rien d’émouvant dans cette musique habile et bruyante où passent tous les tics de la « contemporaine », dans ce texte exposant des idées à défaut de susciter des personnages, dans cette mise en scène élégamment géométrique. Au rythme des changements de décors, le portrait célèbre d’Akhmatova par Modigliani ne cesse de glisser de la scène aux coulisses, de la lumière à l’ombre. Au moins, lui, reste-t-il dans les mémoires.
François Lafon
A l’Opéra National de Paris – Bastille, les 2, 6, 10, 13 avril – Diffusion sur France Musique le 27 avril. A l’Amphithéâtre Bastille : Lectures d’Anna Akhmatova, avec Françoise Fabian (récitante), le 4 avril; concerts Beethoven/Mantovani/Chostakovitch les 5 et 12 avril.
Photo : Elisa Haberer/Opéra de Paris