Dans la Cour de l’Archevêché, Natalie Dessay chante La Traviata. Elle n’a ni la carrure physique, ni l’étoffe vocale, ni la couleur de timbre, ni l’émotion au bord des lèvres que l’on associe au personnage. Et pourtant, quand elle s’écroule soudainement, le corps comme un chiffon mais la tête dans les étoiles, c’est toute une vie qu’elle a vécu devant nous, et pas seulement celle d’une courtisane du XIXème siècle. Jean-François Sivadier lui a confectionné une mise en scène sur mesure, une répétition, aujourd’hui ou hier, sur un grand plateau vide, d’une pièce qui n’en finit plus de faire pleurer Margot. Autour d’elle, des partenaires à sa hauteur, comme Ludovic Tézier en Germont père, et même Adelina Scarabelli, ex-soubrette mozartienne pour Georg Solti et Riccardo Muti. Elle a surtout, face à elle, avec elle, le chef Louis Langrée, qui obtient du Symphonique de Londres un son très particulier, à la fois doux et tranchant, une sorte d’équivalent orchestral de sa façon de chanter. Si vous cherchez un Verdi gras et sensuel, passez votre chemin. Si vous voulez voir une artiste d’exception transcender ses moyens naturels pour nous livrer une véritable relecture (le terme est éculé, mais il n’y en a pas d’autre) d’un rôle qui s’est trop souvent prêté à toutes les complaisances, prenez Arte samedi 16 : le spectacle est retransmis en direct.
François Lafon
Cour de l’Archevêché, les 14, 16, 18, 20, 22, 24 juillet. En direct sur Arte le 16, et sur grand écran au Théâtre Silvain (Marseille) et au Théâtre de Verdure, Jas de Bouffan (Aix).
Photo ©Pascal Victor/Artcomart