Théâtre de verdure, scène de gazon, opéra pastoral : au Domaine du Grand Saint-Jean, le festival d’Aix-en-Provence se met au vert. Avec Acis et Galatée de Handel, l’Académie Européenne de Musique, antenne jeune du festival, a de quoi faire ses preuves, d’autant que le chorégraphe Saburo Teshigawara mêle la danse au chant, et que le chef Leonardo Garcia-Alarcon, très en vogue en ce moment dans le milieu baroque, est habile à détourner l’attention des couacs générés par l’orchestre. Et pourtant, le spectacle divise : on adore ou on déteste. L’œuvre s’y prête : du charme à la mièvrerie, il n’y a qu’un pas (de danse ?). En saluant, Teshigawara montre les arbres, le ciel, les murs de la bastide. On aura vu, lorsque Galatée transforme son Acis en ruisseau pour le libérer du rocher sous lequel le Cyclope l’a enseveli, des gerbes d’eau s’échapper des mains du ténor. Sur les gradins, gloussements et « ah ! » d’admiration. En s’obstinant à donner des spectacles dans ce lieu incommode mais délicieusement champêtre, le festival veut jouer son Glyndebourne. En ce soir de première, le fond du parc est barré par un camp de Roms. De là à y voir un symbole…
François Lafon
Au Grand Saint-Jean les 10, 12, 13, 16, 17, 19, 20, 22, 23 juillet. En direct sur Radio Classique le 13, et sur Arte Live WEB le 17. En différé sur grand écran au parc de la Torse (Aix) le 19.
Photo ©Patrick Berger/Artcomart