Ouverture, à la salle Pleyel, de Manifeste 2012, le nouveau festival-académie de l’Ircam. Tout le milieu de la « contemporaine » est là pour la première mondiale, par l’Orchestre de Paris, d’Echo-Diamodon, concerto pour piano, orchestre et électronique en temps réel de Philippe Manoury. Programme équilibré : Atmosphères et Lontano, deux des pièces les plus planantes de György Ligeti, encadrent le Concerto, le tout se terminant par l’Adagio de la 10ème Symphonie de Mahler. La technique Ircam aidant, Manoury a imaginé un scénario shakespearien : « Quatre pianos fantômes viennent hanter le soliste et prendre progressivement possession de lui. » La maîtrise et la virtuosité de Jean-Frédéric Neuburger décuplent l’impression de rêve glacé. C’est très brillant, très savant. Après l’entracte, quand s’éteint Lontano - « nuages bleus, rayon doré du soleil couchant qui transparaît au travers » - utilisé par Stanley Kubrick dans Shining, le chef Ingo Metzmacher suspend son geste, et enchaîne sur l’Adagio de Mahler, lequel sonne plus que jamais comme un adieu à tout un monde déjà lointain. Un de ces moments qui comptent dans une vie de mélomane.
François Lafon
Manifeste 2012, festival et académie. Du 1er juin au 1er juillet. www.ircam.fr. 01 44 78 12 40 Photo : Ph. Manoury © Ircam